Trahir sa race sans culpabiliser

Le 25 mai 2020, l’assassinat par la police d’un Afro-américain, George Floyd, entraînait une vague de révoltes historiques aux États-Unis : manifestations massives, affrontements avec les forces de l’ordre, occupations, blocages d’autoroutes et pillages de commerces se généralisaient pendant plusieurs semaines dans l’Amérique de Trump. Si le mot d’ordre « Black Lives Matter » a alors largement circulé et a constitué un signifiant majeur de cet épisode de révolte, on oublie un peu vite que ce sont des foules mixtes (blanches, noires et latinas) qui sont descendues dans les rues pour crier leur horreur de la police et se confronter à elle.

Le caractère multiracial du soulèvement, dans un pays encore marqué (mentalement, socialement et géographiquement) par l’esclavage et la ségrégation raciale, n’est pas anecdotique. D’une part, la révolte n’a pas pu être isolée et les violences policières réduites à un problème de « Noirs ». D’autre part, certaines conceptions militantes sur la place des « Blancs » dans les mouvements de lutte (se taire et écouter, se placer « derrière », montrer narcissiquement qu’on a conscience de ses « privilèges » et qu’on sait se remettre en question, se considérer au mieux comme un « allié », etc.) ont aussi été mises en échec. Si « trahison de race » il doit y avoir, elle ne se fera pas sur le mode du développement personnel pour devenir une « meilleure version de soi-même » mais côte à côte dans la rue en s’affrontant au même système et en prenant les risques ensemble. La contrition n’est pas un affect de lutte.

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Chères Liaisons,
Il y a un an, ce qu’on appelle les États-Unis ont connu l’un des soulèvements les plus réjouissants et inoubliables de mémoire d’homme. Tout a commencé ici même à Minneapolis la nuit suivant le meurtre de George Floyd, lorsque les briques qui pleuvaient sur la police ont rapidement fait place à une véritable révolte et à l’incendie d’un commissariat de police. Des troubles ont éclaté dans tout le pays, avec ce commissariat en feu comme lumière à l’horizon, dont nous ressentons encore les échos à ce jour. L’histoire de ce soulèvement est bien mieux retracée ailleurs– si tant est qu’elle puisse réellement l’être – et j’espère que vous m’excuserez de m’en tenir à un résumé aussi bref.

Par contre, une histoire qui n’a pas été suffisamment racontée est celle de ceux qui ont fait face à la répression judiciaire pour leur participation…

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Auteur: lundimatin