Transition énergétique en Allemagne : le gâchis des années Merkel

Vous lisez la première partie de l’enquête « En Allemagne, une transition à tout prix ». La suite sera publiée demain.


La neutralité carbone est-elle une utopie ? Pas du tout, répondent les habitants de Rhein-Hunsrück, à l’ouest de Francfort. Eux l’ont réalisée. Les émissions de CO2 de leur canton, qui s’élevaient autrefois à 690 000 tonnes par an, sont nulles depuis 2018. Un succès fait de sobriété énergétique et d’abandon des énergies fossiles : éoliennes, panneaux solaires et déchets végétaux alimentent en électricité et en chauffage les quelque 100 000 habitants du canton. Le surplus est revendu sur le marché, les millions d’euros de bénéfices en sont redistribués entre les communes et les coopératives citoyennes. « Chacun tire profit de la transition, ça génère une très forte acceptation », explique Frank-Michael Uhle, en charge des questions climatiques au sein du canton.

Renouvelable, décentralisée, aux mains des citoyens : Rhein-Hunsrück incarne le modèle de la transition énergétique à l’allemande, telle qu’elle a été théorisée dans les années 1980 dans les milieux pacifistes. Une énergie sans gaz à effet de serre, sans polluants… ni déchets radioactifs, pour ces opposants farouches au nucléaire. Un projet écologique, démocratique, social.

Les habitants de Rhein-Hunsrück sont bien seuls. Il s’agit de l’unique canton neutre en carbone outre-Rhin. D’autres communes sont certes sur la même voie. Mais à l’échelle nationale, le bilan de la transition énergétique est loin d’être reluisant. Le secteur de la production d’électricité reste le plus gros émetteur de gaz à effet de serre : en 2021, le charbon représentait 30,2 % de la production électrique, le gaz naturel 12,6 %. Or, sans énergie verte, pas d’industrie verte, ni de transports verts. Pas de transition tout court.

© Clarisse Albertini/Reporterre

L’Allemagne pionnière dans les années 90

Comment l’Allemagne pionnière a-t-elle pu prendre autant de retard ? Pour comprendre, il faut rembobiner le film. En 1991, l’aventure a bien commencé. L’Allemagne d’Helmut Kohl instaura la toute première loi au monde en faveur des renouvelables : dorénavant, les grands énergéticiens auraient l’obligation de récupérer et rémunérer l’électricité produite par des tiers à partir de renouvelables. Le chancelier conservateur percevait l’Energiewende (littéralement « tournant énergétique ») comme un projet industriel qui devait ouvrir de nouveaux marchés…

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Auteur: Violette Bonnebas Reporterre