Trente ans après, le génocide rwandais hante toujours l'Afrique des Grands Lacs

Un soldat du M23 sur une colline du village de Bunagana, en RDC, à la frontière de l’Ouganda et proche du Rwanda. cc Al Jazeera English, 2012.

Au sein du village de Bugeshi, à l’ouest du Rwanda, le calme règne, du moins en apparence. Dans la rue principale de la petite agglomération, un berger au chapeau couleur taupe foule la terre de ses bottes de pluie, les yeux rivés sur le sol. Un bâton dans sa main gauche accompagne le rythme de ses pas. Il progresse vers une dizaine de jeunes hommes qui entassent des pommes de terre dans de grands sacs de toile. Des gouttes de sueur perlent sur leur front malgré la fraîcheur de l’air. Le berger s’arrête, les observe quelques instants, puis passe son chemin. Soudain surgit une moto chevauchée par un militaire des forces rwandaises de défense. L’engin vrombit puis disparaît dans un nuage de fumée derrière un cabanon, qui paraît vide de prime abord. Un autre militaire au visage fermé y est installé, à l’abri d’un mur de bois. Cette construction sommaire constitue l’un des postes-frontières avec le Nord-Kivu, province de la République démocratique du Congo (RDC) voisine.

À Bugeshi se trouve Éric*, 46 ans. Des étincelles fusent de son atelier de menuiserie alors qu’il travaille à la soudure. Il soulève ses lunettes de chantier jaunes, les pose sur son front. « Nous sommes en sécurité ici, proclame-t-il, l’économie roule et notre pays nous protège. » Car si le calme est de mise dans ce village rwandais, à quelques kilomètres de là opèrent de nombreux groupes armés, dont le Mouvement du 23 Mars (M23), un groupe d’insurgés accusé de semer la terreur auprès des civils du Kivu et de mettre la province à sac. Apparue en 2012, cette rébellion a repris les armes fin 2021 après huit ans de sommeil.

« Derrière la ligne, c’est le bordel, mais nous ne voyons rien, c’est juste ce qu’on entend dans les médias », confirme Justine*….

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Auteur: Marion Fiquet