Trop de mémoire ou trop peu ?

Pour ce 24 avril, nous republions quelques réflexions parues ici-même il y a quatre ans, inspirées par un questionnement de Yériché Gorizian, du mouvement Charjoum [1] – dans des termes crus, qui ont pu sembler excessifs à certains mais me paraissent justes sur le fond, et demeurent hélas, plus que jamais, appropriés à la situation actuelle des Arméniens, en Artsakh notamment, mais pas seulement. Ce questionnement, le voici : « Comment pouvons-nous commémorer une politique d’extermination qui a toujours cours ? ».

La « guerre d’Artsakh », en effet, l’a révélé cruellement, en octobre dernier :

« La mise à mort du peuple arménien et la négation de la dignité humaine de ses membres est un processus qui se déroule devant nos yeux. On ne commémore que le passé, pas le présent. »  [2]

L’offensive d’octobre 2020 n’est qu’un début : tel était le message explicite du président-autocrate Aliyev et de son allié (et chef d’État-major de fait) Erdogan, lors de la cérémonie de victoire à Bakou, en décembre dernier. Le premier annonçait même une nécessaire reconquête allant jusqu’à Erevan, en Arménie, le second inscrivant explicitement cette guerre dans le sillage d’Enver Pacha, organisateur du génocide de 1915 – honoré dans le discours du président turc, aux côtés de plusieurs autres responsables actifs de ce génocide.

Et puis il y eut ce timbre immonde, édité par Bakou au lendemain du massacre, qui revendiquait, au-delà de toutes les caricatures possibles, une politique de nettoyage ethnique :

Puis il y eut, le 12 avril 2021, l’inauguration par le président Aliyev du « Parc des trophées militaires », c’est-à-dire des tanks, armes et autres casques pris au côté arménien – je cite le reportage de RFI :

« Des mannequins en cire représentent les soldats arméniens : des hommes hirsutes, avec de gros nez crochus, des visages apeurés et souvent…

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Auteur: Pierre Tevanian