Troubles psychosomatiques : qu’en dit la science ?

Récemment, l’ancien premier ministre Édouard Philippe s’interrogeait sur les possibles effets du stress sur l’évolution singulière de sa pilosité. Se pourrait-il qu’une telle modification d’apparence soit effectivement la trace des effets de l’esprit sur le corps ? Autrement dit, un trouble psychosomatique ?

Si, au cours des années 1960 à 1970, cette notion a connu une fortune à la fois scientifique et populaire, elle est aujourd’hui tombée dans une relative désuétude.

Où en est actuellement la science sur cette question ? Et quelles sont, ou devraient être, les conséquences des connaissances actuelles sur la prise en charge médicale de tels troubles ?

Un concept ancien

Sorti sur les écrans en 1980, le film d’Alain Resnais Mon oncle d’Amérique constitue une bonne illustration d’une époque où de nombreuses maladies étaient imputées au « stress ».

On y voit notamment le personnage incarné par l’acteur Gérard Depardieu se heurter, après une ascension sociale fulgurante, à des obstacles aux effets dévastateurs sur sa santé psychique et physique, tandis que le biologiste Henri Laborit commente les effets du stress sur l’état physique, à partir d’expériences conduites sur des rats de laboratoire.

Bande-annonce du film Mon Oncle d’Amérique, d’Alain Resnais (1980).

Le stress, un concept forgé par Hans Selye trois décennies auparavant, expliquait alors maladies de peau, hypertension artérielle et maladies cardiaques, ulcère gastroduodénal et maladies digestives, voire, pour certains, le cancer. Des raisons psychologiques étaient donc censées être la cause de nombreuses affections, dont la responsabilité incombait finalement au sujet lui-même, stressé qu’il était…

La découverte que l’ulcère gastroduodénal était dû non à l’effet du stress, mais à la présence d’une bactérie présente dans l’estomac, Helicobacter pylori, et pouvait donc être bien mieux traité par antibiotique que « par la parole », ébranla fortement ce discours. Finalement, les causes biologique, environnementale et/ou génétique prenaient le pas sur la cause psychologique.

Cependant, ce recul du psychologique ne réglait pas deux problèmes majeurs. Sur le plan théorique d’abord : disqualifier une cause psychologique pour la remplacer par une cause biologique témoignait en…

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Auteur: Laurent Vercueil, Neurologue hospitalier – CHU Grenoble Alpes (CHUGA) ; Laboratoire de Psychologie & Neurocognition. Equipe VISEMO. Université Grenoble Alpes, Université Grenoble Alpes (UGA)