Trump 2024 : une candidature vouée à l’échec ?

C’est donc à Mar-a-Lago, dans un environnement qui convient à l’ancien président, avec ses dorures, ses volumes impressionnants, son luxe, et devant quelques invités triés sur le volet et tout acquis à sa cause, que Donald Trump a annoncé sa candidature à l’élection présidentielle américaine de 2024.

Cette annonce, présentée par l’intéressé comme « le plus grand discours de toute l’histoire des États-Unis », a pourtant le goût d’amertume de certains produits périmés.

Le 45e POTUS a eu beau affirmer qu’il allait rendre l’Amérique de nouveau grande et glorieuse, lançant à cette occasion le curieux slogan MAGAGA (Make America Great and Glorious Again), et affirmer que sa victoire « sera construite sur de grandes idées, des ambitions audacieuses et des rêves audacieux pour l’avenir de l’Amérique », il semblait le savoir lui-même : tout cela ne le mènera nulle part. Pour plusieurs raisons, qui ont trait à la fois au timing de cette déclaration, à son âge, à son isolement au sein du Parti républicain ou encore à l’émergence d’adversaires qui paraissent bien placés pour le devancer.

Le timing désastreux de l’annonce d’un candidat âgé et isolé

Comment aurait-il pu choisir un pire moment pour faire son annonce ? La bonne stratégie est de se présenter le dernier au départ de la course, en laissant les adversaires s’épuiser et en se posant en recours, après avoir bien observé les autres et relevé toutes leurs faiblesses. C’est ce qu’il avait fait en 2015, avec le succès que l’on sait.

Cette fois-ci, en se décidant deux ans avant le scrutin, Donald Trump a donné l’avantage à ses adversaires pour les primaires républicaines, qui ne vont pas manquer de prendre leur temps et de lui compliquer la tâche, l’air de rien. L’entrée en lice des uns et des autres diminuera d’autant, chaque fois, l’impact de la candidature Trump, qui cédera un point par-ci, trois points par-là, jusqu’à ce qu’un de ses concurrents apparaisse comme plus crédible pour la victoire.

En outre, le Trump de 2022, et ce sera encore plus vrai pour celui de 2024, n’est plus « The Donald » de 2015. Le discours moribond, prononcé d’une voix monocorde à la lecture pénible d’un prompteur a fait bondir cette évidence au premier plan : Donald Trump a vieilli. Il est même aussi vieux que l’était Joe Biden lorsqu’il avait annoncé sa candidature pour 2020. Trump l’avait alors moqué pour son âge, une idée largement reprise par ses supporters à coups de « Sleepy Joe », qui s’est décliné en « sénile » depuis la défaite de 2020.

Donald Trump : « J’annonce ma candidature à l’élection présidentielle », Les Échos, 16 juin 2022.

Enfin, Trump ne peut aujourd’hui guère compter sur l’appui de la machinerie nationale du Parti républicain. C’est un point que l’on pourrait penser sans importance, puisqu’il n’était soutenu par personne en 2015, ce qui ne l’avait pas empêché de triompher.

Pourtant, il se présente cette fois-ci comme un ancien président et l’absence de soutien n’est plus synonyme d’une défiance face à un inconnu : elle révèle qu’il a été incapable de créer un réseau solide derrière lui, qui croit en sa victoire au point de faire campagne à ses côtés. Or c’est bien ce dont il a besoin pour vaincre le camp démocrate, qui a repris les rênes.

Même problème avec ses supporters : on avait déjà remarqué que les rangs s’étaient clairsemés. Bien entendu, les fans « MAGA », les plus impliqués, les plus engagés, sont toujours là. Mais ce n’est pas suffisant pour faire un gagnant. La force de Trump avait été de faire revenir devant les urnes une population qui ne votait plus. Ceux-là rêvaient d’un champion capable de renverser la table et doté d’une poigne de fer pour faire face à leurs « ennemis » – car ils imputent au camp d’en face toutes les difficultés qu’ils traversent, au point de finir par croire qu’ils sont effectivement dans une guerre totale.

Mais les meetings de Donald Trump se sont vidés : de 30 000 il y a deux ans, l’ancien président ne pouvait guère plus réunir plus de 2 000 à 3 000 personnes ces derniers mois.

Pis encore : les sondages ne cessent d’indiquer qu’ils ne sont plus que 30…

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Auteur: Jean-Éric Branaa, Maître de conférences politique et société américaines (Paris 2 Panthéon-Assas), Université Paris 2 Panthéon-Assas