Trump est-il un cancre ?

Harold Copping. – « The Dunce » (Le cancre), 1886.

Il est difficile de « suivre » les énormités proférées par Donald Trump. La presse n’y arrive pas, sans qu’on sache si c’est leur fréquence qui est en cause, l’échelle de grandeur de l’énormité, la lassitude ou tout à la fois.

C’est donc à peine si l’on se souvient des jugements péremptoirement lancés par le président américain — à moins qu’il faille parler d’opinions ou de « faits alternatifs », comme l’avait lancé une de ses conseillères, Kellyanne Conway, qui a récemment démissionné pour raison familiale. Un « fait alternatif » en histoire, cela s’appelle au mieux une erreur, au pire une contre-vérité ou, si cela est fait exprès, un mensonge.

On peut se demander si ces différences ont désormais un sens, du moins dans l’univers trumpien. On n’en finit pourtant pas d’être étonné.

Lire aussi Pierre Rimbert, « L’effet boomerang », « Fake news, une fausse épidémie ? », Manière de voir n˚172, août-septembre 2020.

Comment considérer ces affirmations péremptoires ? Prenons celle, récente, sur la grippe espagnole de 1918-1920. « Le [précédent le] plus proche est en 1917, la grande pandémie, a soutenu publiquement M. Trump. C’est certainement une chose terrible : ils ont perdu entre 50 et 100 millions de personnes. Cela a probablement mis un terme à la seconde guerre mondiale, tous les soldats étaient malades » (11 août 2020). L’habitude a-t-elle fini par émousser la sensibilité ? Autant de sottises en si peu de mots, la performance est exceptionnelle.

Admettons que l’erreur sur la guerre citée ne soit que le fruit d’un lapsus car évidemment en 1917 il s’agissait de la première guerre mondiale. On ne va pas ergoter. Ne discutons même pas le chiffre de morts, la fourchette haute d’estimation, à une époque où les statistiques étaient plus approximatives encore qu’aujourd’hui.

Ici le propos est clairement tactique. Il s’agit de soutenir que la mortalité actuelle du Covid-19 est négligeable par rapport à la grippe espagnole et qu’on…

Auteur : Alain Garrigou
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