On sait que, mettant un terme à sept années de débats sur l’usage des eaux de décontamination de la centrale sinistrée de Fukushima, accumulées à raison de 141 tonnes par jour, le gouvernement japonais a eu l’idée de génie de tout balancer à la mer : ce sont plus de 125 millions de tonnes d’eau contaminée qui vont être déversées dans l’océan. Si on a toutes les raisons de s’inquiéter pour les poissons et les algues, il semble que les humains ne soient pas mieux lotis, comme nous le raconte Christine Ferret, qui a longtemps vécu au Japon et suit toujours de près son actualité, en particulier nucléaire.
Le jeudi 25 mars, en l’absence de tout représentant étranger pour cause de pandémie, la flamme olympique est partie du J-Village, centre sportif du département de Fukushima, pour une traversée de 121 jours devant la conduire au Stade national de Tokyo, pour la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques, prévue le 23 juillet.
Quelques semaines plus tard, le 13 avril, le premier ministre Yoshihide Suga annonçait le rejet dans l’océan Pacifique de l’eau contaminée provenant des réacteurs de la centrale nucléaire Fukushima Dai-ichi, alors que les capacités de stockage avaient atteint leur limite au sein de la centrale, avec 1,25 millions de tonnes d’eau contaminée.
Pour le gouvernement japonais, l’enjeu de la bataille lancée en 2017 consiste à faire revenir sur les lieux de la triple catastrophe du 11 mars 2011 une population qui a largement fui des zones toujours frappées par la radioactivité, et pourtant déclarées sans danger pour la santé. 160 000 personnes ont été évacuées au cours de la période qui a suivi le tsunami et l’accident nucléaire et 27 000 « évacués volontaires », ne résidant pas dans les zones d’évacuation forcée, ont perçu des aides au relogement jusqu’à ce que les autorités japonaises décident de repeupler à tout prix la région de Fukushima, en mettant fin aux allocations pour inciter leurs bénéficiaires au retour.
Si le repeuplement des zones sinistrées est si important pour les autorités japonaises, en dépit des alarmes lancées par l’ONU ou par Greenpeace sur la situation environnementale et l’échec des campagnes de décontamination (14 millions de mètres cubes de sol radioactif sont conservés dans des sacs en plastique), c’est avant tout pour préserver son image face à la communauté internationale et de montrer que la situation est « sous contrôle », alors que les JO ont été maintenus contre vents et marées…
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Auteur: lundimatin