Tuer Assange à petit feu. — Vladimir CALLER

La joie, l’enthousiasme furent très partagés lorsque le 4 janvier dernier, la juge britannique Vanessa Baraitser communiquait la décision du tribunal londonien de ne pas extrader Julian Assange aux Etats-Unis. La magistrate se payait une touche compassionnelle ; elle disait craindre pour la santé physique et mentale de l’inculpé en cas d’extradition, évoquant même des risques suicidaires.

Manœuvre particulièrement habile et diabolique de l’administration de la justice de la (plus que jamais !) perfide Albion ; plus exactement, de ses mentors à la Maison blanche et au 10 Downing Street. Il fallait en effet « refuser », provisoirement, l’extradition pour – le cas échéant – pouvoir mieux l’organiser en temps opportun, tout en évitant le coût politique d’une mesure franchement impopulaire comme celle d’envoyer un lanceur d’alerte dans les griffes du Pentagone. Et nous disons « le cas échéant » parce que l’extradition en soi n’est pas, n’a jamais été l’objectif prioritaire des adversaires d’Assange ; l’objectif était et reste de le faire taire pour toujours, dead or alive.

La « jurisprudence » Gramsci

En 1928 Michele Isgro, un collègue italien de dame Baraitser, procureur du Tribunal spécial fasciste de Rome, conclut la lecture de la sentence condamnant le dirigeant communiste Antonio Gramsci à 20 ans de prison pour « incitation à la rébellion » par la phrase « … nous devons empêcher ce cerveau de fonctionner. » Les objectifs des deux magistrats, Baraitser et Isgro, son identiques ; ils ne diffèrent que dans la forme, l’Italien faisant preuve de moins de perversité et de plus de franchise que la distinguée femme de main britannique.

Une deuxième illusion fut de croire ou de s’attendre à ce que Monsieur Biden soit plus humanitaire, plus accommodant que son prédécesseur Trump. C’est exactement le contraire. Il ne s’agit pas, bien entendu, de dédouaner ce dernier, xénophobe et réactionnaire à outrance. Mais le préféré, et de loin, du Deep State (l’Etat profond), fut et reste depuis toujours Biden et non pas Trump. Et c’est ce Deep State, la conjonction de Wall Street, du Pentagone et de l’appareil médiatique, qui veut la peau d’Assange, qui veut son silence définitif, sans le moindre repit. N’oublions pas que lorsqu’il fallait qualifier le ’délit’ du fondateur de Wikileaks ce fut Biden – déjà en 2010 – qui utilisa tout son pouvoir politique de vice-président des Etats-Unis pour écarter toute association entre le travail…

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Auteur: Vladimir CALLER Le grand soir