Les tirs de loups en France
Environ 20 % des loups présents en France sont tués chaque année par des tirs dérogatoires à leur statut de protection. Ces derniers, censés être exceptionnels, s’apparentent désormais à des tirs de régulation.
« Quand les autorités sont face à des éleveurs, ils parlent de quotas, et quand ils étaient face à la Commission européenne, ils parlaient plutôt de « seuils » : c’est-à-dire d’un maximum que l’on peut atteindre sans que ce ne soit un objectif, explique le géographe Farid Benhammou, chercheur associé au laboratoire Ruralités de l’Université de Poitiers, pour La Relève et La Peste. Dans les faits pourtant, c’est devenu un objectif. Mais quel objectif ? Tuer plus de loups ? Diminuer leur nombre ? Ou diminuer la prédation ? La corrélation entre tirs et réduction de la prédation n’est pas prouvée scientifiquement ».
Selon Farid Benhammou, qui étudie les relations entre humains et grands carnivores, les tirs de loups visent avant tout à satisfaire des acteurs agricoles et cynégétiques. Un constat partagé par Jean-Marc Landry, éthologue spécialiste des loups : « en France, tirer des loups comme on le fait aujourd’hui montre que le gouvernement se trouve face à une impasse », ajoute-t-il pour La Relève et La Peste.
Selon ce chercheur, « des études montrent clairement que tuer du loup avec l’aval de l’État encourage le braconnage ».
Ces tirs légaux et illégaux, additionnés, pourraient donc avoir un impact sur la croissance de la population : « les chiffres ont montré pour la première fois une baisse de l’estimation de la population de 9 % entre 2022 et 2023 avec 1003 individus, rappelle Farid Benhammou pour La Relève et La Peste. Je parle au conditionnel, mais cela pourrait être en corrélation avec ces tirs qui exercent une pression assez forte. »
Les chiffres de 2024 portent quant à eux l’estimation à 1013 loups sur le…
Auteur: Eloi Boye