Tunisie : 10 ans après, l’appel à la dignité résonne encore

Il y a dix ans, la chute de Zine El-Abidine Ben Ali de son trône républicain. La fuite du président Ben Ali sous la force conjuguée de la vox populi et d’une armée républicaine bouscule les grilles d’analyse et autres paradigmes sur lesquels était fondée la perception française du monde arabe. Depuis le 14 janvier 2011, la Tunisie est le laboratoire d’une expérience politique unique. La transition démocratique marquée par une série d’élections libres et pluralistes demeure une singularité dans le monde arabo-musulman. Une transition chaotique et toujours inachevée. Si la situation sécuritaire s’est globalement améliorée (l’état d’urgence est en vigueur depuis novembre 2015), la Tunisie vit sous une tension politique et sociale continue. Le désenchantement démocratique est nourri par l’inefficacité de l’action publique, mais aussi par un échiquier politique dont la fragmentation rend sa lisibilité particulièrement difficile. Bref, dix ans après, l’appel à « la dignité » est toujours à l’ordre du jour et le slogan « dégagiste » risque de refaire surface avec force …

L’étincelle tragique « Mohamed Bouazizi »

Le 17 décembre 2010, Mohamed Bouazizi, jeune diplômé contraint à la condition de marchand ambulant, s’immole par le feu devant le siège du gouvernorat de Sidi Bouzid, ville agricole de 40 000 habitants dans la région de Sfax, après l’énième confiscation de sa marchandise. L’immolation d’un homme provoqua la première révolution du XXIe siècle et une puissante onde de choc dans l’ensemble du monde arabe. Cette façon suicidaire d’interpeller le pouvoir constitue un acte de rupture avec les différents modes de mobilisation politique : à travers le vote, la manifestation ou la révolution, une forme de participation (plus ou moins directe et agencée) est pensée. Le geste de Mohammed Bouazizi échappe à cette typologie : son suicide est à la fois…

Auteur: Nabli Béligh
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