Tunisie : les retombées considérables des propos offensants du président contre les migrants noirs

La déclaration du président tunisien Kaïs Saeïd selon laquelle des “mesures urgentes” étaient nécessaires “contre l’immigration illégale de ressortissants d’Afrique subsaharienne” qui causait “violence et criminalité” a déclenché une réaction violente à l’échelle nationale contre les migrants.

Cette déclaration, qui faisait suite à une réunion sur la sécurité nationale, et la réaction contre les migrants qui s’en est suivie, ont suscité une condamnation internationale, y compris de la part de l’Afrique.

Les estimations du nombre de migrants en Tunisie varient, de 21.000 migrants régulièrement enregistrés, à 59 000, dont 9 000 réfugiés et demandeurs d’asile enregistrés.

Le président a noté dans sa déclaration incendiaire que le “flux incessant” et les “hordes de migrants illégaux” visaient à modifier la démographie du pays “en menaçant son caractère arabe et islamique”.

Cette déclaration offensante – et les représailles qui en découlent – sont profondément choquantes et ont déjà eu des répercussions. En Tunisie, où le sentiment anti-immigrés est en hausse, les groupes d’extrême droite ont été renforcés dans leur position agressive à l’égard des immigrés. Des milliers d’immigrés ont fui. Ceux qui restent sont confrontés à des atteintes à leur dignité.

La Tunisie a été condamnée par la communauté africaine, la mesure la plus ferme ayant été prise par l’Union africaine. Elle a reporté sa réunion prévue à Tunis, la capitale tunisienne. Quatre pays d’Afrique de l’Ouest – la Guinée, le Mali, le Burkina Faso et la Côte d’Ivoire – ont évacué leurs ressortissants ou appelé à la prudence.

Des pays d’Afrique subsaharienne ont également appelé au boycott des produits tunisiens. Des groupes de la société civile tunisienne, des militants des droits de l’homme et des artistes ont également condamné les attaques contre les migrants.

Il s’agit là d’une nouvelle conséquence des politiques migratoires imposées par l’Union européenne à la Tunisie. Elle contribue également à l’isolement et à la marginalisation du pays par rapport à ses voisins sur le continent, en cette période de crise politique et socio-économique.

En Tunisie, les récentes attaques contre les migrants contribuent à renforcer la polarisation au sein des différentes factions de la société, en particulier entre les ONG qui se mobilisent contre le racisme anti-migrants et…

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Auteur: Franzisca Zanker, Senior research fellow, Arnold Bergstraesser Institute