La pandémie de Covid-19 et ses conséquences multidimensionnelles déstabilisent l’expérience politique unique dans laquelle s’est engagée la Tunisie depuis dix ans. Si au départ de la pandémie mondiale, la jeune démocratie pouvait se targuer d’une forme d’exemplarité et d’efficacité dans sa gestion du défi sanitaire, le pays se trouve désormais débordé et asphyxié par une crise systémique : l’effondrement du système sanitaire est la conséquence de défaillances liées à des choix néolibéraux et à l’inaction-impuissance des dirigeants politiques au pouvoir.
Néolibéralisme et catastrophe sanitaire
L’État se trouve largement désarmé face à une situation sanitaire « catastrophique ». En témoignent les records statistiques tant pour le taux de contaminations au coronavirus que le taux de mortalité lié au Covid-19. Le bilan macabre ne cesse de s’aggraver, malgré la mobilisation des initiatives individuelles ou collectives issues de la société civile et les mesures (tardives) de restrictions prises par le gouvernement pour faire face à cette nouvelle vague.
La crise systémique provoquée par le coronavirus interroge « l’état de l’Etat » tunisien. La tradition politico-administrative de la Tunisie est celle d’un Etat fort. Or la crise sanitaire a mis en lumière les insuffisances en matière d’infrastructures, de matériels et de personnels administratifs et sanitaires. L’Etat se montre particulièrement vulnérable, faillible et incapable de répondre aux besoins de ses citoyens. La jeune démocratie ne dispose pas, en quantités suffisantes, des technologies sanitaires dont elle a besoin pour le dépistage, la prévention, le traitement du Covid-19. La pandémie de Covid-19 a mis en évidence les faiblesses d’un système de santé jadis loué pour son excellence à l’échelle régionale. Un système hospitalier public fragilisé par des années de sous-investissement et de mauvaise gestion. Sous-équipés (en masques, en tests, en oxygènes, en lits de réanimation et en vaccins), en manque de médecins et de personnels qualifiés, les hôpitaux tunisiens ne peuvent faire face à la demande de soins exigée par la pandémie. Les personnels hospitaliers sont épuisés et en nombre insuffisant (des centaines de médecins formés en Tunisie travaillent aujourd’hui au service des systèmes de santé français, belge, allemand, canadien, etc.), notamment dans les services spécialisés dans la réanimation.
Si on place la situation des hôpitaux tunisiens…
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Auteur: Nabli Béligh