Engagé dans une spirale de radicalisation autoritaire, Recep Tayyip Erdoğan a décidé il y a quelques jours d’arrêter le maire d’Istanbul, Ekrem Imamoğlu, accusé de « corruptions » et de « liens avec le terrorisme ». Au pouvoir depuis onze ans, Erdoğan voit ce dernier comme son concurrent le plus sérieux dans la course à la prochaine élection présidentielle, celui qui pourrait mettre fin à son règne.
En réaction, une mobilisation démocratique se développe actuellement avec des initiatives quotidiennes qui ont d’ores et déjà débordé le parti d’Imamoğlu, le CHP, en mettant notamment en mouvement la jeunesse étudiante. Uraz Aydin a livré pour Inprecor quelques éléments de description et d’analyse de la situation politique et de la mobilisation en Turquie, que nous reprenons ici.
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Peux-tu raconter ce qui s’est passé avec l’arrestation du maire d’Istanbul ?
Le matin du 19 mars, Ekrem Imamoğlu, le maire d’Istanbul, a été mis en garde à vue avec une centaine d’autres personnels de la mairie avec comme motif « corruption » et « liens avec le terrorisme ». Le jour précédant, son diplôme d’université (obtenu il y a 30 ans) a été annulé arbitrairement, dans l’objectif bien entendu d’empêcher sa candidature à la prochaine élection présidentielle. Ekrem Imamoğlu, ayant remporté deux fois les élections municipales d’Istanbul – en 2019 et en 2024 – comme candidat du CHP (Parti républicain du peuple, centre gauche laïque), s’est érigé au fil du temps comme le principal adversaire d’Erdogan.
Il était prévu que le 23 mars, le CHP tienne ses « pré-élections » pour décider de son candidat en vue du prochain scrutin, prévu normalement pour 2028 mais qui aura très probablement lieu plus tôt, pour permettre à Erdogan de se présenter une dernière fois. À moins qu’il n’y ait un changement de constitution, ce qui est aussi discuté. L’objectif…
Auteur: redaction