Ukraine. Para Bellum Numericum. Chronique du versant numérique d'une guerre au 21ème siècle.

Il y a déjà de longues années, je présentais le média Twitter à mes étudiant.e.s en leur expliquant qu’il était vital de s’y intéresser car s’y donnaient à voir non seulement des informations vitales mais aussi à valeur patrimoniale que l’on se devait de suivre attentivement et, pour certaines d’entre elles, de s’efforcer de conserver. Et je prenais ce qui semblait alors assez surréaliste et baroque, l’une des premières « déclarations du guerre » ce faisant exclusivement via ce média. C’était le 14 novembre 2012, et le compte Twitter officiel de l’armée Israëlienne annonçait lancer des frappes sur le peuple palestinien vivant dans la bande de Gaza.

Depuis cette première déclaration de guerre via Twitter, les choses ont énormément changé et c’est l’écosystème numérique dans son entier, avec au premier plan les grande plateformes sociales, qui jouent un rôle déterminant, à la fois dans des opérations de désinformation ou de propagande, mais aussi plus globalement sur le plan géostratégique et géopolitique.

Il y a 10 ans de cela, déclarer la guerre sur Twitter était une anomalie. Aujourd’hui et avec la guerre aux portes de l’Europe en Ukraine, l’anomalie serait d’imaginer une guerre sans Twitter.

A partir de ce que révèle chaque jour la guerre en Ukraine, je veux dans cet article essayer de faire un point, forcément provisoire, sur ce qui se joue lors d’une guerre dans, par, grâce et à cause des grands écosystèmes numériques et de leur écho médiatique et géopolitique.

La guerre des images.

D’abord il y a la guerre de l’émotion et de la propagande, qui marchent toujours ensemble et qui valent tant pour les agresseurs que pour les agressés. Les médias sociaux (lorsque leur accès est encore possible et relativement « libre » pour les populations civiles), les médias sociaux sont les maîtres du tempo émotionnel de la viralisation de séquences qui, si elles ne décident jamais de l’issue d’un conflit, sont en capacité d’agir sur les opinions locales comme internationales. On pourra ici, sans prétendre à l’exhaustivité, en citer quelques-unes parmi les plus marquantes.

La guerre des images. L’image de ce jeune couple ukrainien en arme. Déjà iconique et déjà déclinée dans tant de versions, assortie de tant de hashtags. Qui convoque immédiatement la phrase réflexe. Ils feront l’amour et aussi la guerre.

Et puis il y a les mots. Les vidéo « live » du président Zelinski et de son discours de 9 minutes au lendemain de l’annonce de l’entrée des troupes russes. Un discours d’une force et d’une…

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Auteur: olivierertzscheid Olivier Ertzscheid