« Ultra-jaunes » arrêtés à Bordeaux : intoxication médiatique aux sources policières

Le 18 mars 2021, la cour d’appel de Bordeaux annulait « pour des irrégularités la quasi-totalité de l’enquête visant seize personnes présentées comme des black blocs et soupçonnées d’avoir préparé des actions violentes lors d’une manifestation de « gilets jaunes » à la fin de 2019. » Relayée par l’AFP, cette information est pourtant assez peu reprise ; son traitement est même rachitique en comparaison de l’emballement qu’avait, à l’époque, suscité les interpellations et mises en examen. Retour sur un cas typique de journalisme de préfecture.

C’est que dans l’affaire des « ultra-jaunes » arrêtés au Bouscat (près de Bordeaux) le 7 décembre 2019, les médias s’étaient littéralement intoxiqués à leurs sources (policières).

Au commencement était la version policière

C’est Sud Ouest qui lance les hostilités, le 7 décembre 2019 au soir sur son site, et le lendemain dans le papier : « Seize militants de la mouvance « ultra-jaune » et « black bloc » ont été interpellés dans un « appartement conspiratif ». Une enquête pour association de malfaiteurs a été ouverte. » La journaliste ne cite qu’un seul point de vue – celui de la Direction départementale de la sécurité publique (de Gironde) et de son directeur – et « angle » son sujet de la façon suivante : « Un renseignement est parvenu en fin de semaine aux policiers, qui ont su l’exploiter à temps ». Et de détailler : « Des produits chimiques, dont de l’acide, des bouteilles contenant des substances à analyser, de la peinture, des bouchons cloutés ont, notamment, été saisis. »

Le « scoop » de Sud Ouest est repris le soir même par l’AFP, puis en pleine page du Journal du Dimanche le lendemain : « Un groupe d’ultragauche se préparait à viser des policiers ». Toujours un récit à sens unique, illustré là aussi par des propos du même directeur de la sécurité publique de Gironde. Le JDD explique en outre que « les enquêteurs ont découvert un atelier de confection de cocktails Molotov ».

Et le portrait des « ultras » gardés à vue continue d’être placardé. Le dimanche 8, France 3 Nouvelle Aquitaine complète le tableau (« Les policiers découvrent aussi tout un arsenal. De quoi se défendre (gants, masque). De quoi attaquer aussi […] ») et donne la parole… au secrétaire d’Alliance Nouvelle-Aquitaine. Avant d’écrire :

Notre source policière confirme : « Ils venaient pour casser du flic ». Le procureur adjoint Jean-Luc Puyo insiste : « Ce n’est pas neutre…

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Auteur: Maxime Friot Acrimed