Retour sur les milliards d’€ offerts aux firmes pharma par l’OMS et Bachelot
Dessin de Rousso pour Zelium.info

Un air de déjà vu (covid 19 et H1N1)

Retour sur les milliards d’€ offerts aux firmes pharma par l’OMS et Bachelot

Ministre ancienne commerciale pour les firmes pharma via les antiviraux (GILEAD) et les vaccins expérimentaux (GSK, Sanofi, Novartis…) contre H1N1.

D’abord, les stocks stratégiques de masques ont été décidés en 2005 et 2006, avant que Roselyne Bachelot ne devienne ministre de la santé en 2007. Ce n’est donc pas à Roselyne Bachelot qu’on doit la réserve de masques chirurgicaux et FFP2 de l’époque.

Mars 2009. La « grippe porcine », rebaptisée « Grippe A(H1N1) » par l’OMS, est détecté au Mexique. À l’époque, un antidote est déjà en salle d’attente : un antiviral, le oseltamivir, breveté en 1996 par Gilead Sciences, qui le commercialise sous le nom de Tamiflu via Roche.

Gilead a le nez creux : la boite négocie une commission de 10 % sur les ventes futures. Dès février 2009, des journalistes trop bien informés alertent l’opinion sur les réserves réelles de Tamiflu, qui seraient de «seulement» 220 millions de traitements disponibles dans le monde.

6 mai. Un 5ème cas de grippe A/H1N1 vient d’être diagnostiqué dans le pays. Bachelot confirme disposer d’un stock de 30 millions de traitements antiviraux : 24 millions de Tamiflu et 9 millions de Relenza, le concurrent fabriqué par GSK soit 15 % des réserves mondiale.

Mais le Tamiflu (coût du traitement, 25€) devient vite introuvable en pharmacie, et sa vente est réservée aux hôpitaux qui bénéficient d’un tarif discount (18€).

Le labo Roche pense à tout : il conseille un usage du Tamiflu en prophylaxie, donc à titre préventif, comme un vaccin temporaire, sur des personnes ayant été en contact avec des malades.

Qu’on soit clair, l’Hopital se transforme alors en usine à profit au détriment des malades.

Un traitement préventif de 10 jours coûte alors 300 euros. Effet immédiat sur le cours de bourse de Roche : l’action passe de 128 à 168 francs suisses une fois les stocks immenses du précieux médoc vendus à prix fort aux Sécu des États riches pour calmer l’angoisse orchestrée.

Décembre 2009. Bachelot recommande la prescription de Tamiflu à tous les patients déclarant une grippe alors qu’il est déjà évident que Roche abuse des médecins et des autorités de santé sur l’intérêt du Tamiflu.

« On imagine facilement le pactole pour le laboratoire Roche, avec l’OMS comme chef des ventes mondial et Roselyne Bachelot en visiteur médical pour la France. »

Hélas, le Tamiflu n’est pas si miraculeux que les experts de l’OMS et des labos ‑ parfois les mêmes – ont voulu le faire croire. Aujourd’hui, l’OMS relativise : « la plupart des cas de grippe A (H1N1) ont montré un rétablissement complet sans assistance médicale ni antiviraux. »

Le médicament était donc parfaitement inutile et même dangereux… Et cet élément fondamental était parfaitement connu, quoique largement ignoré, dès le printemps 2009. Si l’OMS a marché dans la combine, c’est sans doute grâce au chercheur américain

Frederick Hayden (univ de Virginie). Avec Laurent Kaiser (univ de Genève) et 4 employés du labo suisse, ils ont signé en 2003 l’étude qui servira de référence pour établir les principaux bénéfices du Tamiflu.

Mais selon une enquête du journaliste Thierry Soucar, Hayden «était à l’époque payé par Roche comme consultant. Devenu consultant pour l’OMS, Hayden a joué un rôle important dans la recommandation de stockage faite par cet organisme aux gouvernements.

« Alors que l’épidémie de H1N1 semble assez peu dangereuse, l’OMS et le ministère de la Santé encouragent la prescription d’antiviraux comme le Tamiflu, dont l’efficacité est largement contestée par de nombreux médecins. Opération de destockage au profit des labos. »

« L’opération Bachelot coûte tout compris 1,7 milliard d’€, soit 2 à 3 fois le déficit des hôpitaux et 2 à 3 fois le budget de l’Inserm constate le professeur Philippe Even »

Juillet 2009. Selon l’Institut de veille sanitaire (InVS), le pays n’a officiellement recensé que 403 cas dont 354 en France métropolitaine. Aucun décès, aucune complication grave.

Bachelot déclenche une énorme campagne de vaccination : « La France va acheter 100 millions de doses de vaccins contre la grippe A(H1N1) et ce pour 700 millions d’euros auprès de quatre laboratoires. »

(On comprend ici la suite du plan de Santé Publique du Gvt contre le Covid.)

Car l’antiviral est un médoc curatif, le vaccin, lui, doit empêcher la Grippe A de s’installer. Ces vaccins, c’est aussi un geste d’amitié à l’adresse des autres labos pharmaceutiques qui veulent leur part du gâteau : GSK, Sanofi-Aventis, Novartis et Baxter.

C’est la cellule française de crise interministérielle qui a pris la décision d’achat. Le marché était classé «secret-défense» et son montant était à la charge de l’assurance-maladie.

Léger détail : à l’époque, ce vaccin est « expérimental », mais pas de panique ! Les contrats publics contiennent des clauses très rassurantes pour les labos, notamment concernant la responsabilité en cas d’effets indésirables.

La campagne de vaccination, fin 2009 et début 2010, sera un vrai fiasco. Comprenant qu’ils venaient de se faire berner, comme pour la grippe aviaire, les Français refusent d’obtempérer à l’injonction de se faire vacciner en masse : seuls six millions iront se faire piquer.

Pour Bachelot, c’est la douche froide : elle doit diviser la commande par deux (44 millions de doses achetées, tout de même). Bilan des courses : «19 millions de doses ont été détruites. Coût total achat & destruction d’environ 400 millions d’€ » + indemnités aux labos.

Depuis, Bachelot n’est plus ministre de la Santé et des Sports, mais continue d’amuser la galerie sur les plateaux télé. Ce qui fait rudement moins mal au trou de la Sécu.

Conséquences :
– une perte de confiance, durable, dans les campagnes de vaccination contre toutes les maladies infectieuses.

– Les épidémies de grippe animales ont du mal à sortir des chroniques agricoles. «Grippe aviaire : 2500 canards abattus dans le Béarn», titrait un Mag le 21/08/2016 sans s’alarmer… Ah oui : le brevet du Tamiflu est tombé dans le domaine public en 2016.

Le Covid tombe à pic

Pour compléter ce fil twitter :
L’OMS brade ses stocks de Tamiflu – Blog Mediapart

Roselyne Bachelot se moque de nous – Sante Corps Esprit

Tamiflu artistique : le coup du siècle – Zelium info

Grippe A: les incohérences d’une très grosse dépense – Slate.fr

Tiré du thread twitter de @DocteurGonzo4 ? twitter.com/DocteurGonzo4 le 7 juillet 2020