Un an après les émeutes de Dakar, radioscopie du sentiment antifrançais

MM. Emmanuel Macron et Macky Sall à la conférence de reconstitution des ressources du Partenariat mondial pour l’éducation, en février 2018

cc GPE/Heather Shuker

La décision prise par M. Emmanuel Macron de mettre fin à l’opération Barkhane est à lire, clairement, comme une réponse au ressentiment antifrançais qui ne cesse de monter en Afrique francophone — un « pré-carré » aux relents coloniaux tels que les Sud-Africains l’appellent depuis des décennies, et sans nuances, la « French Africa ». M. Thabo Mbeki, ancien président de l’Afrique du Sud dépêché en 2004 en Côte d’Ivoire par l’Union africaine (UA), n’avait pas été le seul en son temps à s’étonner de voir des militaires français dans les rues d’Abidjan, avant d’apprendre qu’ils avaient tiré sur une foule en colère aux portes de l’hôtel Ivoire. Cette présence militaire française, repliée au Niger aujourd’hui — où elle n’est toujours pas à l’abri d’une fronde —, reste une anomalie à l’échelle de l’Afrique, où les ex-puissances coloniales ne sont jamais intervenues depuis les indépendances qu’à titre exceptionnel — une seule fois pour la Grande-Bretagne en Sierra Leone, en 2000.

Il y a un an, de violentes émeutes à Dakar avaient lancé un signal clair : les supermarchés Auchan, les stations-service Total, Eiffage et son autoroute à péage, le groupe Orange (dont les cartes de recharge téléphonique sont plus chères que le forfait mensuel de base en France), ont été la cible de pillages, de même que l’enseigne Hyper Exclusif, détenue par des intérêts indiens.

Lire aussi Alain Deneault, « Total, un gouvernement bis », Le Monde diplomatique, août 2018.

« Beaucoup de travaux ont montré la position dominante de Total, septième par son offre, mais qui s’est vu attribuer le gros lot pour l’exploitation du pétrole au Sénégal, en échange de 125 milliards de francs CFA pour éponger une dette lorsque Macky Sall est arrivé au pouvoir, analyse le sociologue sénégalais Alioune Sall, directeur de l’Institut des futurs africains (AFI) à Pretoria. Auchan est la cible du groupe “Frapp-France dégage” de Guy-Marius Sagna, qui l’accuse de tuer les petits marchés et marchands ».

Le message des pillards a d’abord et avant tout été adressé à l’exécutif sénégalais, « remis en cause dans sa relation à la France », estime Alioune Sall. « En substance, ils ont dit : “Vous n’êtes pas à l’abri, nous pouvons…

La suite est à lire sur: blog.mondediplo.net
Auteur: Sabine Cessou