Un Béhémoth à Sainte-Soline

La conjoncture historique dans laquelle se situe le « week-end meurtrier », « le drame », « le piège » ou « l’erreur tactique » de Sainte-Soline mérite d’être analysée d’un point de vue spéculatif.

Les revenant.es de Sainte-Soline ont, pour les plus aguerri.es, décrit une situation de répression non plus seulement policière mais militaire en même temps que l’une de ces plus « fantastiques » insurrections « qui n’arrivent qu’une fois tous les quarante ans » (un ami de Reporterre).

Le mystère apparent de ces deux heures de dépense destructrice et d’assauts héroïques, acharnés malgré la disproportion des forces, le tout pour un « simple trou » dans la terre, peut être ressaisit dans un contexte matériel et spirituel plus général.Il ne s’agit pas de lui attribuer une place et un sens définitifs, mais de réfléchir un peu depuis l’état de stupeur, dans lequel nous nous trouvons face à une situation insurrectionnelle confuse du point de vue du désir et de la stratégie.

« L’instant de survivre est instant de puissance. » dit Canetti. Comment l’instant-Sainte-Soline enveloppe-t-il, malgré la latence traumatique et le mutisme qui en affecte désormais plus d’un.e, une scintillante puissance d’expression de la situation générale ?

Avertissement : Ce texte est un ensemble de fragments d’analyses et de lectures très abstraites, parfois « subtilement incompréhensibles ». Il n’est pas écrit dans l’intention de rapporter le vécu ou le témoignage des dizaines de milliers de personnes qui coordonnaient les luttes, accueillaient les arrivant.es, préparaient la cantine. Comme l’écrit un ami, ce texte n’est pas là pour évoquer les « paysan.nes de la conf, la cantine collective pour 20 000 personnes, toute la base arrière orientée vers le soin de tous.tes, les haies plantées, la solidarité, l’accueil à Melle, les liens qui se créent, la boue et le mal aux jambes, bref tout ce qui s’est passé matériellement. » Le point de vue métaphysique peut être contesté dans l’ensemble, mais il ne s’agit pas de surplomber, il s’agit plutôt de faire des « résumés efficaces » comme dit Bruno Latour, des petits fragments denses à réfléchir, et à critiquer.

1 – Complexe du trou

Comment l’État capitaliste peut-il dépenser un tel excès de valeur abstraite (cinq millions d’euros) pour mobiliser un tel appareil de guerre (trois mille deux cents chiens bleus) pour ce qui n’est, matériellement, qu’un trou dans la terre dont la…

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Auteur: dev