Un bonheur de forcené

Ce texte fait l’hypothèse que nous sommes malades de nos communications ; qu’il y a des communications qui devraient être interrompues, voire interdites ; que d’autres sont empêchées et devront trouver leur mode – leur voie, leur appareil de transmission et de réception ; que le communisme est désormais une question de communication, pas de conspiration ; et que la communication devrait être orientée par le bonheur : mieux vaut la schizophrénie du bonheur que la paranoïa du savoir.

« Que l’Europe apprenne que vous ne voulez plus un malheureux, ni un oppresseur sur le territoire français ; que cet exemple fructifie sur la terre ; qu’il y propage l’amour des vertus et le bonheur ! Le bonheur est une idée neuve en Europe ».

Saint-Just

Pensée, communication, et communisme

Le régime pandémique de la pensée a fait des ravages ; il est temps d’envisager son passage au régime endémique.

En mode pandémique, la pensée est incapable de se soustraire à l’agenda du monde : quand elle appelle à le fuir pratiquement, elle le fait dans un état de panique qui la suit où qu’elle aille. Comme dans un dessin animé de Tex Avery, la pensée transporte alors avec elle ce qu’elle voulait fuir.

Ce mode pandémique est exacerbé par le Covid-19 et ses avatars, mais n’a pas commencé avec lui. Jean Baudrillard, Paul Virilio, et Jacques Derrida ont interrogé dès le milieu des années 1980 les fondations immunologiques de nos sociétés, des sociétés virales quant à leur mode de communication, s’autodétruisant parce qu’elles expulsent – exterminent, phagocytent – l’altérité, et atteignant un point d’inertie au sommet de leur accélération. Avant tout contenu, ce qui se communique est la communication elle-même : le message, c’est le médium lui-même, expliquait Marshall McLuhan dans les années 1960, prophétisant la venue d’un « village global », le monde entier devenant un espace clos sur lui-même, fondé sur l’extrême rapidité des échanges de données. Le viral, c’est le global.

Il n’y aura donc pas de politique communiste possible, et efficace (car, sinon, à quoi bon ?), sans un diagnostic précis relatif à la manière dont notre subjectivité, notre pensée, est informée, déformée, formée à nouveau par les modalités de la communication, entendues d’un point de vue technologique, psychique, et social.

Je fais l’hypothèse que nous sommes malades de nos communications ; qu’il y a des communications qui devraient être interrompues, voire…

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Auteur: lundimatin