Un cadre de la centrale nucléaire du Tricastin dénonce des « dissimulations et minimisations »

Le 10 février, à Belfort, Emmanuel Macron a annoncé la construction de six réacteurs de type EPR2, le lancement d’études pour la construction de huit EPR2 « additionnels » et la prolongation au-delà de cinquante ans des centrales existantes. A cette occasion, L’Élysée a vanté auprès de Mediapart la « très, très grande force » de l’industrie électronucléaire française ainsi que « sa transparence, sa capacité à tout dire tout de suite et à intervenir très vite ».

La réalité est moins reluisante. Vieillissant, le parc nucléaire français est en difficulté : 11 réacteurs sur un total de 56 sont arrêtés ou le seront bientôt pour des problèmes de corrosion. Pour Emmanuel Macron, l’arrêt préventif des réacteurs « traduit notre niveau inégalé de sûreté de contrôle, qui garantit une production d’électricité bas carbone en toute sûreté ».

Loin de ce point de vue, un haut cadre en poste de 2016 à 2019 au sein de la direction de la centrale du Tricastin (Drôme), l’une des plus vieilles de France, dénonce de graves atteintes à la sûreté. Hugo, comme il a choisi de se faire appeler, décrit une « politique de dissimulation » d’incidents de la part d’EDF auprès de l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN). Le lanceur d’alerte a d’abord fait de multiples signalements en interne à tous les niveaux d’EDF, de l’ASN et même auprès du ministère de la Transition écologique, comme l’a révélé Le Monde début février.

En guise de réponse, Hugo n’a eu que le silence et des pressions pour qu’il se taise. Il a porté plainte contre son employeur en octobre 2021 pour « mise en danger de la vie d’autrui », de multiples infractions aux Codes pénal, de l’environnement, du travail et à la réglementation relative aux installations nucléaires, ainsi que pour harcèlement. La motivation de ce « passionné du nucléaire » et « partisan de la poursuite du nucléaire en France » n’est pas de porter préjudice à la filière, mais de faire en sorte que les règles soient respectées.

Reporterre — Pouvez-vous nous raconter certains événements dont vous avez été témoin et que vous mentionnez dans votre plainte ?

Hugo — L’un des événements les plus marquants a été une inondation dans la nuit du 29 au 30 août 2018 au sein du réacteur numéro 3. À l’origine, c’est une fuite d’eau qui finit en véritable inondation sur plusieurs niveaux du bâtiment électrique en zone nucléaire contrôlée. L’eau ruisselle du plafond et dans…

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Auteur: Pierre Isnard-Dupuy Reporterre