Vers quel type d’économie allons-nous ? Le capitalisme est-il en train de connaître une mutation qualitative vers ce que Cédric Durand a nommé le « techno-féodalisme » ? L’économiste Cecilia Rikap pose à nouveaux frais ces questions en s’intéressant spécifiquement aux rapports de production dans les géants du secteur numérique.
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Quel genre de régime d’accumulation prend-il aujourd’hui forme ? Les traits distinctifs de l’économie atlantique contemporaine – stagnation prolongée, production mondialisée, financiarisation, redistribution des richesses vers le haut, révolution numérique continue – ont donné lieu à des réponses variées.
Dans Techno-féodalisme, Cédric Durand soutient qu’une mutation qualitative du capitalisme est en cours à sa frontière numérique, à la faveur de laquelle la prédation deviendrait la principale modalité d’extraction du profit – comme dans le cas des rentes ou des monopoles résultant de décisions politiques. Il y voit une analogie avec les relations féodales d’expropriation, qui se distingue de la contrainte économique poussant à « accumuler en innovant », typique de l’exploitation capitaliste.
Evgeny Morozov a objecté à cette thèse en formulant un grand nombre de critiques à l’endroit des tentatives, de droite comme de gauche, qui visent à saisir les évolutions en cours, dans le secteur numérique ou de manière plus large, en se référant à l’époque féodale. Le « capitalisme », insiste-t-il, « se meut dans la direction qui a toujours été la sienne ; il tire parti de toutes les ressources qu’il est à même de mobiliser – et ce d’autant plus volontiers qu’elles sont meilleur marché ». Puisque le capital a toujours reposé, dans une certaine mesure, sur des méthodes d’accumulation extra-économiques, nul besoin, pour en comprendre la dynamique contemporaine, d’élaborer des concepts novateurs – voire pas si novateurs que…
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Auteur: redaction