Un conflit qui en rappelle un autre — Philippe ARNAUD

Ce 28 février est le cinquième jour de l’attaque russe contre l’Ukraine. Et, malgré les informations fragmentaires sur les opérations, malgré l’ignorance des objectifs et de la stratégie russes, tout se passe, selon ce que rapportent les médias (par exemple France 2), comme si cette stratégie était en voie d’échouer.

En effet, compte tenu de la disproportion des forces, on pouvait s’attendre à ce que les grandes villes (Kiev, Kharkiv), fussent rapidement prises. Or, aussi bien dans ces deux secteurs que sur les autres fronts (le sud et l’est), les forces russes marquent le pas. On voit des chars, des camions incendiés ou détruits. Et des soldats russes tués, qui semblent être des conscrits peu expérimentés et non des militaires aguerris (comme les Spetsnaz, ces “ forces à désignation spéciale ”). En pareilles circonstances, celui qui ne gagne pas perd, et celui qui ne perd pas gagne.

Or il est curieux qu’à cette occasion les médias n’aient pas opéré le rapprochement avec un autre conflit d’allure semblable. En octobre 1939, donc un mois après la déclaration de guerre de la France et du Royaume-Uni à l’Allemagne, l’URSS – qui pressentait un danger de guerre – demanda à la Finlande des rectifications de frontière pour offrir un glacis protecteur à Leningrad qui, en cas d’occupation de la Finlande par un pays ennemi, se trouverait sous le feu de ses canons. Les Finlandais refusèrent : les Russes passèrent alors à l’attaque, le 30 novembre 1939.

Or, malgré la disproportion énorme des forces (sur le papier), soit 400 000 Soviétiques contre 130 000 Finlandais, ces derniers mirent sévèrement en échec l’Armée rouge, jusqu’au début janvier 1940. Ils lui infligèrent des pertes énormes (près de 127 000 tués contre 27 000 et 3500 blindés détruits. Puis, le 7 janvier, ils changèrent de stratégie et de tactique, et enfoncèrent le front finlandais. La guerre dura jusqu’au 13 mars et se traduisit (globalement) par une défaite de la Finlande, qui dut céder des parties de son territoire. Quels rapprochements peut-on opérer ?

1. L’affrontement entre un grand pays, et un plus petit pays, aux forces disproportionnées, et, dans les deux cas, une résistance acharnée et fructueuse (au moins pendant un mois dans le cas de la Finlande) du plus petit pays. Au demeurant, l’issue finale de la guerre russo-finlandaise – une défaite, certes mesurée, de la Finlande – ne préjuge en rien de l’issue du présent conflit : l’Histoire ne se répète pas nécessairement…

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Auteur: Philippe ARNAUD Le grand soir