Un empire bon marché : histoire et économie politique de la colonisation française

Nous vous proposons de découvrir un extrait de l’ouvrage de Denis Cogneau, « Un empire bon marché : histoire et économie politique de la colonisation française, XIXe-XXIe siècle » paru aux Éditions du Seuil dans la collection « Eco-histoires » en janvier 2023.

Grâce à un long travail d’archives et d’analyse statistique, l’auteur y décrit les États coloniaux et leur fonctionnement – à travers notamment la fiscalité, le recrutement militaire, les flux de capitaux et les inégalités. Il montre que l’empire a peu coûté à la métropole jusqu’aux guerres d’indépendance, et que les capitaux français n’ont pas ruisselé vers les colonies. La « mission civilisatrice » que la République française s’était assignée n’a donc pas débouché sur le développement des pays occupés, et c’est plutôt un régime à la fois violent et ambigu qui s’y est établi. De fait, le régime colonial a surtout bénéficié à une petite minorité de colons et de capitalistes français. Quant aux élites nationalistes, elles ont le plus souvent reconduit un État autoritaire et inégalitaire après les indépendances.

L’un des aspects les plus frappants du colonialisme français des XIXe et XXe siècles est son faible coût pour la métropole. La mise sous tutelle d’un ensemble de pays couvrant une superficie vingt fois supérieure à celle de la France a peu demandé au contribuable métropolitain. […]

Au total, sur plus d’un siècle, entre 1833 et 1939, la domination coloniale n’a coûté au contribuable métropolitain que 0,5 % du revenu national, en moyenne et annuellement. Le fonctionnement des États coloniaux a été principalement financé par les impôts prélevés sur les autochtones colonisés, et sur les colons ou expatriés européens présents sur place, même si ces derniers ont bénéficié d’un traitement fiscal généreux.

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Après la Seconde Guerre mondiale, la volonté de s’accrocher à l’empire colonial a certes fini par coûter cher. Les guerres d’Indochine puis d’Algérie, et la nécessité d’accroître partout la présence armée, ont conduit à des dépenses militaires dépassant 2,5 % du PIB en moyenne annuelle, sur la période 1946-1962. Au même moment, les plans de développement économique et social…

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Auteur: Denis Cogneau, Economiste, Institut de recherche pour le développement (IRD)