Ces institutions sont décidément redoutables. Elles confient à un homme seul un pouvoir exorbitant. En l’occurrence, celui de donner les clés du pays à une extrême droite dont on sait qu’elle avance masquée. On s’interroge sur le mécanisme de la prise de décision. Trois jours avant le scrutin européen, Emmanuel Macron défendait encore à la télévision l’idée que le résultat de ces élections ne pouvait pas avoir d’incidence directe sur la politique intérieure. Était-il le seul à ne pas croire aux sondages qui donnaient pourtant le score du Rassemblement national à la décimale près ? On peine à imaginer qu’il n’avait pas déjà en tête le scénario insensé qu’il impose au pays. Macron a-t-il cru pouvoir, dans les vingt jours qui nous séparent du premier tour, se requinquer à coups de racolages à droite et à gauche ?
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L’accord express intervenu à gauche a sonné le glas de ce patchwork improbable. L’aventure macronienne touche peut-être à sa fin. Le choix aujourd’hui est d’une lumineuse clarté : l’extrême droite ou le nouveau Front populaire – puisque c’est sous ce label historique que la gauche a décidé de parrainer des candidatures uniques dans toutes les circonscriptions. Une rude bataille est devant nous. Car l’autre schéma qui a germé dans le cerveau présidentiel est toujours d’actualité. Il s’agirait de donner le pouvoir pendant trois ans au Rassemblement national en espérant que celui-ci démontre son incompétence. La politique du pire. Macron rêve de rejouer la cohabitation entre Mitterrand et Chirac entre 1986 et 1988, dont le président était sorti gagnant. Mais il n’est pas Mitterrand et, surtout, Le Pen…
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Auteur: Denis Sieffert