Zone à défendre réalisé par Romain Cogitore est le premier film produit par Disney+ en France. Sa sortie début Juillet sur la plateforme aura bien fait quelques remous mais sans être suffisamment pris au sérieux à notre goût. Ses détracteurs les plus véhéments dénoncent une récupération des luttes écologiques par l’industrie du divertissement. S’il y a bien une instrumentalisation de l’imaginaire ZADiste, il nous a semblé intéressant de se pencher sur le film lui même ; chercher à comprendre comment et pourquoi, un cinéaste qui se dit auteur, avec des moyens et une certaine liberté, en vient à faire un film aussi faible et pauvre sur une lutte aussi riche et puissante.
Reconstitution réaliste et dialogues de merde
Certes, l’image et les décors sont très réussis. Julien Hirsch, qui fut le chef opérateur de Jean-Luc Godard, maitrise la caméra et la photographie. La reconstitution d’une Notre-Dame-des-Landes fictive est particulièrement réaliste : on y trouve des lieux symboliques reconstitués à l’identique, comme la bibliothèque de la Rolandière ou la tour des chicanes. Certaines scènes, sûrement réalisées à partir d’archives et de repérages sur le terrain, reproduisent avec précision des évènements réels, comme la destruction d’une cabane à la pelleteuse ou l’expulsion des Sans-Noms.
Mais, si la reproduction des lieux est assez fidèle, le plus important échappe au réalisateur et à son équipe : les formes-de-vie ZADistes. La substance particulière des relations, les nouvelles manières d’être au monde, de se rapporter au territoire et aux autres, semblent complètement étrangères au film. La séquence de la fête est paradigmatique de ce manque : la façon dont les acteurs sont à table, la manière dont ils se déplacent dans la salle, la répartition des musiciens sur la scène et des spectateurs en face donne, malgré les costumes « ZADistes », une ambiance de music-hall…
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Auteur: dev