Un gendarme a tué un paysan, la justice traîne les pieds

C’était il y a cinq ans dans un chemin de terre de Sailly, en Saône-et-Loire. Jérôme Laronze, paysan de 37 ans, somnole dans sa Toyota Auris à l’ombre des arbres. Il est en fuite depuis neuf jours pour éviter un internement psychiatrique. Les gendarmes l’avaient déclaré dangereux après des mois de contrôles administratifs abusifs de sa ferme. Ces contrôles ont depuis été annulés par la justice. En cette fin d’après-midi, deux gendarmes le repèrent, garent leur voiture face à la sienne. Un bruit de radio réveille Jérôme, qui démarre et tente de contourner le véhicule des gendarmes. Ils tirent. Tout se passe en quelques secondes. La femme gendarme tire une balle vers les pneus, qui n’atteint pas sa cible. L’autre gendarme, un homme, en tire cinq. Toutes finissent dans la voiture, trois atteignent Jérôme Laronze. La Toyota s’écrase contre un arbre. Il est 16 h 29 le 20 mai 2017. La mort du paysan est déclarée par le médecin du Samu à 17 h 24.

Emmanuel Macron venait d’être élu pour un premier mandat, les législatives arrivaient. L’affaire ne reçoit pas d’attention médiatique. Quasiment seul, Reporterre raconte ce drame, dès juin 2017. Le gendarme est mis en examen pour violence avec arme ayant entraîné la mort sans intention de la donner. Sa collègue présente sur les lieux est placée sous le statut de témoin assisté. Jérôme Laronze a quatre grandes sœurs, des neveux et nièces, ses parents sont encore vivants. La famille, nombreuse, est sous le choc. Elle veut comprendre comment le petit frère idéaliste et travailleur, l’oncle drôle et attentionné, a été tué.

 La famille conteste la légitime défense

« Dès le départ, on nous a donné des informations contradictoires, et on nous a tenus éloignés du dossier », dénonce Marie-Pierre Laronze, sœur aînée de Jérôme Laronze. « Tous les actes d’enquête importants ont été faits en mai et juin [2017], et nous n’avons eu accès au dossier que fin août, soit trois mois plus tard. » Cinq longues années après, l’enquête est toujours en cours. Et bâclée, estime-t-elle : « C’est un parcours du combattant. Nous sommes face à une justice qui se cache. Les seuls actes demandés par le juge d’instruction visent à renforcer la présomption d’innocence du gendarme. » « C’est le seul dossier où je me retrouve à travailler plus comme partie civile que quand je suis en défense », constate maître Julien Chauviré, avocat de la famille Laronze. Habituellement, c’est l’accusé, qui risque…

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Auteur: Marie Astier (Reporterre) Reporterre