Un hamster à l'école

S’il y a bien une institution qui concentre toute la schizophrénie française, c’est l’école. On y place tous ses espoirs et toutes ses déceptions, tout le monde l’aime et la déteste, viscéralement. On ne compte plus les travaux en sciences sociales visant à la dénoncer, la réformer, la sauver. C’est aussi de l’école dont il est question dans le nouveau livre de Nathalie Quintane, mais autrement. Il n’y a pas de surplomb analytique, pas de dénonciation gauchiste, pas de doudous méritocratique. Un hamster à l’école parle depuis l’expérience, c’est-à-dire depuis le sensible. Les anecdotes s’enchaînent et dessinent depuis l’intérieur les contours de l’institution avec une justesse et une précision tellement drôles que c’en est bouleversant. Nous ne sommes que le 11 janvier mais il ne fait aucun doute que c’est, pour l’instant, le meilleur livre de l’année. En voici quelques « bonnes feuilles ».

— Quand je suis arrivée sur le tard dans le bahut où
je suis encore maintenant, y a quelque chose
qui m’a surprise : l’estrade.
Y avait un paquet d’années que j’avais plus vu d’
estrade, devant le tableau, et là, y en avait une, en bois
à lames, quinze centimètres, sonore. Je me suis
viandée dessus deux ou trois fois : fallait penser à la
marche. Avec le recul, je me dis que j’en ai pas fait
grand chose, de cette estrade, à part des usages
convenus (théâtre), ce qui est la constatation qu’on
peut tirer d’un passage court ou long dans l’éducation
nationale, qu’on peut pas en faire grand chose, à part
des usages convenus (écrire un livre). J’ai dû y faire
une fois un petit flamenco ; mais il aurait fallu que
je prenne des cours de flamenco. Et donc me voilà
face à cette chose étrange, redevenue étrange
comme une baleine échouée à côté d’un bureau :
une estrade. Un jour, elle a disparu.
C’est possible qu’ils aient refait la salle
(cette…

Auteur: lundimatin
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