« Un jour, la lumière s'est éteinte et les esprits sont revenus »

Lors du dernier enregistrement de lundisoir, avec Barbara Glowczewski, nous nous étonnions du fait que ces derniers temps, nous avions invité beaucoup plus d’anthropologues que d’historiens ou de philosophes ou d’autres chercheurs en sciences sociales. Et nous observions que cela disait quelque chose sur l’époque. Un peu comme si l’anthropologie était définitivement sortie d’une posture exotique, un peu réactionnaire, pour s’accaparer une position politique extrêmement forte et puissante – de remise en cause radicale de la situation dans laquelle nous nous trouvons. La note de lecture que nous transmettent nos amis d’Antiopées à propos du dernier livre de Nastassja Martin, qui vient de paraître, nous en apporte une confirmation supplémentaire.

In memoriam Maïté, une qui était partie

De la même auteure, nous avions lu Les Âmes sauvages et Croire aux fauves.On verra que j’avais beaucoup aimé le premier en lisant la recension que j’en avais donnée peu après sa publication. C’est peu de dire que j’apprécie celui qui vient de sortir…

Il présente les mêmes qualités que le premier : clarté d’exposition qui n’empêche en rien la profondeur de la réflexion, regard sans complaisance et empathique sur son « terrain » , comme on dit en sciences sociales, et « retour » critique sur l’anthropologie et le monde qui l’a inventée – soit le mien et le vôtre, à vous qui me lisez – l’Occident naguère colonisateur et aujourd’hui « post » dont l’avidité et la cupidité exercent partout leurs ravages, lesquels se font encore plus sentir dans les vastes « marges » habitées, entre autres, par les Gwich’in en Alaska et les Even au Kamtchatka. À ce propos, et ce sera un de mes, sinon mon seul bémol dans cette note, je regrette que l’éditeur n’ait pas inséré une carte (comme cela avait été fait dans les Âmes sauvages) qui situe le lieu de l’action. Bon, il y a Internet, dont je ne me suis pas privé afin de situer cette péninsule de l’Extrême Orient ex-soviétique. Mais on n’y trouve pas localisés certains des sites évoqués dans le livre. Et puis aussi, une carte à plus grande échelle aurait pu contribuer à mettre en perspective les deux « terrains », Alaska et Kamtchatka. Bref. Pourquoi le Kamtchatka ? Nastassja Martin le raconte dans sa préface : un jour, Dacho et Clint, deux Gwich’in, l’entraînent en forêt dans une balade qui n’en est pas vraiment une. Au bout d’une heure de marche rendue pénible par les bourrasques de neige,…

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Auteur: lundimatin