Un juge brise un tabou et remet en cause la propriété lucrative — Damien ASTIER, Dominique MUSELET

Une décision de justice historique commentée par Charles Sannat dans son dernier édito au style toujours aussi savoureux : « Commerçants, la décision de justice qui change tout et permet de ne plus payer les loyers !! » mérite qu’on s’y arrête : un commerçant dont l’activité a été interdite par l’Etat durant les mois de mars et avril 2020 (mesures sanitaires et confinement) n’est pas tenu de payer ses loyers à son propriétaire. Il s’agit d’une rare atteinte au droit de propriété sanctuarisé dans le code civil et la constitution française. L’article pointe les conséquences « explosives » d’une telle décision :

– certains gros propriétaires telles que sociétés foncières et SCPI (sociétés de placement immobilier, créées le plus souvent par des banques) vont subir des pertes, et derrières elles des milliers de petits et gros épargnants (qui, rappelons-le, ont tout de même « joué » en bourse..) ;

– certains petits propriétaires, souvent d’anciens commerçants ayant acquis leurs murs et décidé de les louer ensuite pour s’assurer un complément de retraite indispensable, vont y perdre et peut-être voir leurs conditions de vie se précariser ;

– si le phénomène fait tache d’huile à grande échelle, c’est l’amorce d’une crise financière et bancaire pouvant entrainer des faillites.

Mais disons-le clairement : ces situations sont le fruit de l’organisation économique qu’impose le capitalisme. Dans le capitalisme, il n’y a qu’un seul chemin possible : l’accumulation de capital. Le capitalisme est obnubilé par les profits et non les salaires comme source de revenus. Des profits qui s’enracinent obligatoirement dans la propriété des moyens de production qui prennent la forme, ici, de l’immobilier commercial. La propriété donne au propriétaire un droit de tirage sur ceux qui utilisent « son » bien. Il faut distinguer cette propriété lucrative de la propriété d’usage (lorsque le propriétaire utilise son bien pour lui-même sans exploiter qui que ce soit) qui est parfaitement légitime.

C’est donc le « droit sacré » du propriétaire lucratif au revenu de sa propriété qui vient d’être remis en question à cause du Covid-19.

Investir en économie libérale assistée

Investir selon le capitalisme, c’est prêter une épargne que l’on n’utilise pas à d’autres qui en ont besoin pour leur activité, en exigeant en retour des intérêts. A la base, ces intérêts dont une partie est d’ailleurs bien nommée « prime de risque » dans le jargon du…

La suite est à lire sur: www.legrandsoir.info
Auteur: Damien ASTIER, Dominique MUSELET Le grand soir