Un « keynésianisme de guerre » ?

Le gouvernement français prévoit de porter les dépenses militaires de 50 milliards (Mds) d’euros en 2025 à 70 Mds en 2030, voire à 100 Mds, soit 3 à 3,5 % du PIB. Et la Commission européenne appelle à un plan de 800 Mds. Outre la volonté de parer aux menaces éventuelles, les partisans de l’économie de guerre arguent que celle-ci relancerait la croissance économique. En quelque sorte, il s’agirait d’un keynésianisme de guerre. Cela a-t-il un sens ?

Une bifurcation productive peut s’aider des instruments budgétaires et monétaires keynésiens.

Si des investissements supplémentaires sont engagés dans les industries d’armement, il y aura une stimulation de l’accumulation du capital dans ces industries et celles alentour : de la valeur ajoutée en plus, donc du PIB ; des salaires et des profits distribués en plus, c’est-à-dire de la croissance de valeur en plus, mais pas de croissance de valeur d’usage pour la population s’il n’y a pas de production de biens de consommation supplémentaires. Avec une extension de l’économie de guerre, le déséquilibre entre offre et demande de consommation ne peut être réduit que par un accroissement des impôts en proportion, sinon avec des coupes dans les autres dépenses.


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L’Insee confirme que « le climat des affaires dans l’industrie de défense a nettement progressé depuis l’invasion de l’Ukraine, porté par la forte hausse des commandes », mais que « les industries de défense [font] face à des contraintes d’approvisionnement et à une relative tension sur leurs capacités productives » (1). Dès lors, il ne serait pas étonnant que l’effet multiplicateur de dépenses militaires soit très faible, du moins à court…

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Auteur: Jean-Marie Harribey