Un média participatif poursuivi pour avoir publié un texte favorable au sabotage

Les actes de sabotage contre les antennes-relais se sont multipliés en France, depuis un an, au gré des confinements et de notre enfermement dans le tout-numérique. Les flammes ont dégradé près d’une centaine de pylônes. Mais au-delà des messages de revendication, souvent laconiques, le débat politique autour de ces gestes n’émerge pas. Toute parole portée dans la sphère médiatique sur ces actions fait l’objet d’une intense surveillance de la part des autorités.

La répression ne cible pas seulement les auteurs de ces actes, mais aussi ceux qui pourraient se montrer solidaires ou qui essayeraient de contextualiser ces pratiques. Dans la vallée de la Drôme, Ricochets, un média participatif, en a fait les frais. Le préfet du département, Hugues Moutouh, a porté plainte mercredi 10 mars contre le site internet. Il lui reproche d’avoir publié un texte en solidarité avec les saboteurs.

En février dernier, deux incendies avaient en effet touché des infrastructures de télécommunications près de Crest. Le feu avait détruit un poste répartiteur d’Orange et huit mille personnes s’étaient retrouvées sans internet et sans téléphone portable pendant plusieurs jours. Notre chroniqueuse, Corinne Morel Darleux, qui vit sur place, nous racontait comment cet incendie avait aussi été l’occasion de s’interroger sur la place du numérique dans nos vies.

« Il est important de stopper le système techno-industriel capitaliste »

Pour l’heure, les sabotages n’ont pas été revendiqués. Les autorités privilégient « la piste de l’ultra-gauche » et des moyens conséquents ont été déployés pour l’enquête. Sur place, des élus locaux dénoncent « une prise d’otage » et « un feu criminel ». Dans son dernier bulletin municipal, Hervé Mariton, le très à droite maire de Crest, compare même ces sabotages à « un attentat ».

Face à ces « opinions outragées », le média Ricochets a souhaité apporter un autre son de cloche. « L’article visé par les autorités voulait lancer le débat sur la prolifération des antennes 5G et les installations technologiques », confie un administrateur du site que Reporterre a rencontré. « Les auteurs du texte évoquaient les conséquences écologiques de l’économie numérique, poursuit-il. Ils parlaient des manières d’y faire face, dans une époque où nous sommes tous confinés et où l’État et les industriels avancent à marche forcée. À Ricochets, nous pensions que cet article ouvrait une discussion légitime. »

Après la…

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Auteur: Gaspard d’Allens (Reporterre) Reporterre