Un médicament toxique menace la survie des vautours en France

Vallée d’Ossau (Pyrénées-Atlantiques), reportage

En cette matinée d’été, le soleil éclabousse de lumière la petite vallée d’Ossau, dans les Pyrénées-Atlantiques. Il faut plisser les yeux pour apercevoir les grands vautours fauves (Gyps fulvus) et le percnoptère (Neophron percnopterus) qui, eux, ont décollé de leur falaise dès les premiers rayons, et planent déjà à la recherche de cadavres d’animaux à dévorer. Didier Peyrusqué, garde du Parc national des Pyrénées et spécialiste des vautours, scrute le ciel, à la recherche de la colonie : « Allons voir s’ils sont du côté de la plateforme d’équarrissage de Bielle et Bilhères [où les éleveurs peuvent y déposer leurs cadavres d’animaux], j’en ai vu passer de l’autre côté de la vallée. » Si c’est un passage obligé de sa tournée quotidienne de surveillance et d’observation de la colonie de vautours, l’agent du parc est aujourd’hui inquiet : « C’est un oiseau en danger d’extinction, la colonie a failli disparaître dans les années 1960 et sa réintroduction reste fragile. »

Ce qui préoccupe en effet ce passionné, c’est une alerte d’Olivier Duriez, l’un des consultants scientifiques du parc, reçue en mai dernier. Ornithologue, spécialiste des vautours et maître de conférences à l’université de Montpellier en écologie fonctionnelle et évolutive, il intervient également en tant que scientifique auprès de la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO), au sein de la Mission Rapaces, mais aussi auprès des grands parcs nationaux. Olivier Duriez est cosignataire de la lettre publiée dans la revue Science le 14 mai dernier, dans laquelle lui et des scientifiques européens font part de leur très grande inquiétude suite à l’apparition en Espagne d’un premier cas d’intoxication au diclofénac (un anti-inflammatoire non stéroïdien (AINS) encore interdit en France, mais autorisé en Espagne depuis 2013). Une molécule qui pourrait éradiquer l’espèce.

« Le diclofénac est la molécule responsable de la disparition de la quasi-totalité des vautours en Inde dans les années 1990, explique à Reporterre Olivier Duriez. Cet anti-inflammatoire est utilisé en médecine vétérinaire, mais il est hautement toxique sur les vautours. En Inde, 1 % des carcasses de vaches contaminées a suffi à éliminer 95 % de la population de vautours. »

Un groupe de vautours fauves dans leur environnement naturel, dans la vallée d’Ossau. © Audrey Gléonec/Reporterre

Un cas d’intoxication qui préoccupe

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Auteur: Audrey Gléonec Reporterre