Un orage prêt à éclater

Romain Huët répond ici au texte de l’historien Anton Jäger L’échec des protestations de masse à l’ère de l’atomisation paru dans la revue Le Vent Se Lève. Alors que certains déplorent l’absence de parti ou de syndicats consistants et y voient le résultat de « l’atomisation » des manières d’être au monde, Romain Hüet pose, au contraire, que les dernières luttes doivent nous forcer à assumer un autre constat : nous sentons un désir de retour plus massif au monde. L’illusion de l’impuissance tient peut-être à une perception décalée, hallucinée, de la situation : une perception mélancolique de gauche qui, ne sachant surmonter l’élément purement négatif – fasciste – de l’époque, transforme son impuissance singulière en lucidité. Il s’agit ici d’esquiver à la fois les rappels à l’ordre de gauche et le « devenir con » réactionnaire qui « annule les commencements ».

Dans son article « l’échec des protestations de masse à l’ère de l’atomisation », Anton Jäger part d’un sinistre constat : « l’époque est marquée par une résurgence des protestations et une radicalisation de leur mode opératoire. Paradoxalement, elles ont une prise de moins en moins forte sur la réalité politique ». Il prend pour exemple des mouvements hétérogènes : l’assaut du Capitole aux États-Unis, le mouvement Black Lives Matters, les manifestations appelant à un cessez-le-feu à Gaza ou encore les gilets jaunes. Ces mouvements auraient en commun de n’avoir guère produit d’effets politiques significatifs. Le putsch aux États-Unis n’a rien de révolutionnaire, les institutions policières ne sont pas démantelées sous la pression de la rue, les massacres à Gaza se poursuivent et les gilets jaunes n’ont su faire reconnaître leurs aspirations démocratiques (Référendum d’Initiatives Citoyennes) ni obtenir une quelconque amélioration réelle de leurs conditions matérielles d’existence. Le monde capitaliste et néolibéral continue d’écraser…

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Auteur: dev