J’entends souvent dire que les choses ont changé. C’est « incomparable » aujourd’hui. La Palestine a sa place dans les médias français, l’opinion a basculé du tout au tout. Un tel revirement a de quoi étonner et pour cause, il n’en est pas un. La façon dont la Palestine est racontée aujourd’hui n’est pas méliorative, elle est normale. Il n’y a aucune compensation, aucun favoritisme envers la Palestine qui viendrait équilibrer un passif discriminatoire dans le traitement médiatique.
Un retour à la normale, à la rigueur, oui, car rien ne l’a été depuis le 7 octobre 2023. Je ne donnerai aucun nom pour ne pas porter tort à ceux qui ont eu le bon sens, malgré tout, de porter la voix.
Je dirai seulement que des journalistes d’un grand quotidien français m’ont affirmé recevoir des pressions de leur direction pour ne pas parler des Palestiniens, par peur « d’embraser la France ». Que j’ai attendu six heures avant de passer sur le plateau d’une grande chaîne de télévision, été informé du sujet et des invités dix minutes avant, reçu une tape sur l’épaule à mon entrée tandis qu’on me chuchotait à l’oreille « bonne chance et au fait, vous êtes sur un média pro-israélien ».
J’ai consacré cinq heures de préparation et une heure de questions-réponses pour une émission où j’ai été le seul coupé au montage. J’ai vu mon interview sur un média du service public décalée d’un mois car les journalistes recevaient des menaces de groupes pro-israéliens. J’ai appris très récemment que j’étais supposé être seul interviewé pour un long format mais que cela était jugé trop dangereux pour la direction, qu’il fallait me faire dialoguer avec une ou un Israélien, ce qui n’avait jamais été imposé dans l’autre sens.
J’ai entendu avant un plateau « vous êtes modéré et c’est ce qu’on veut pour nos invités » et ai partagé ensuite ce dernier avec un Israélien qui a…
Auteur: Jadd Hilal