Un parc éolien d’une multinationale canadienne va détruire la deuxième plus grande forêt bretonne

L’impression d’un immense gâchis. Le samedi 2 juillet, une poignée de manifestants se sont rassemblés devant la mairie de Mohon, dans le Morbihan, pour protester contre la construction d’un parc éolien en pleine forêt de Lanouée. Après sept ans de bataille judiciaire, la cause du deuxième plus grand massif forestier de Bretagne semble aujourd’hui désespérée.

Pour comprendre ce dossier à tiroirs en passe d’être définitivement refermé, un peu de chronologie s’impose. En mai 2007, la forêt de Lanouée est acquise par Louis-Dreyfus. Ce groupe français spécialisé dans les matières premières agricoles crée alors une filiale, Les Moulins du Lohan, afin d’engager la construction d’un grand parc éolien au milieu des arbres.

Le projet comprend 17 éoliennes de 186 mètres de haut capables d’alimenter, avec leur puissance cumulée de 64,6 MW, environ 32 000 foyers en électricité, selon le promoteur. Établi au sud-est de la forêt, le futur parc éolien couvrira un périmètre de 331 hectares (soit 8,7 % du massif), dont une quinzaine seront défrichés pour les socles des turbines et les voies d’accès.

En 2014, l’industriel obtient ses permis de construire, d’exploitation et de défrichement auprès de la préfecture ; et en 2015, le massif et la filiale Les Moulins du Lohan sont revendus à la multinationale canadienne Boralex, qui entame les travaux.

Saisi par des riverains et la Société pour la protection des paysages et de l’esthétique de la France (SPPEF), le tribunal administratif de Rennes annule cependant, deux ans plus tard, toutes les autorisations délivrées au promoteur, invoquant la richesse écologique de la forêt et les dimensions « hors d’échelle » du parc éolien.

Pour remporter cette procédure judiciaire, la SPPEF a fait valoir la présence, sur le site des travaux, d’au moins 60 espèces protégées, parmi lesquelles le hérisson d’Europe, l’écureuil roux, des rapaces comme le busard Saint-Martin et l’épervier, des passereaux tels que le pipit des arbres ou le pouillot siffleur, tous nicheurs, ainsi que des reptiles, des amphibiens et de très nombreuses plantes.

Crédit : Vent de Forêt

En 2019, nouveau retournement de situation : alors que le projet paraît au point mort, le jugement de première instance est cassé par la cour d’appel administrative de Nantes. La SPPEF porte le dossier devant le Conseil d’État, mais la décision de celui-ci, rendue le 15 avril 2021, douche toutes les espérances des défenseurs de…

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Auteur: Augustin Langlade