Un parc éolien marin va-t-il dégrader la biodiversité dans la baie de Saint-Brieuc ?

Erquy (Côtes-d’Armor), reportage

Au mois de juillet, il est d’usage de rencontrer des baigneurs sur la plage de Caroual, dans le département breton des Côtes-d’Armor. Cette année, une tout autre vision attend les promeneurs : sur le sable, plusieurs tractopelles s’activent. Elles enterrent les deux gigantesques câbles qui doivent raccorder la terre au futur parc éolien marin de la baie de Saint-Brieuc, à 16 kilomètres au large. Lorsque le brouillard breton se lève, on peut apercevoir à l’horizon la silhouette fantomatique de l’Aeolus, le bateau-plateforme chargé des travaux en mer. D’ici trois ans, soixante-deux éoliennes de 8 mégawatts et 216 mètres de haut devraient le remplacer. « Une chance pour le climat, pour la Bretagne et pour la France », selon la ministre de la Transition écologique, Barbara Pompili. Un saccage environnemental, selon les opposants au projet.

© Gaëlle Sutton/Reporterre

Lancé en 2011 sous la présidence de Nicolas Sarkozy, le parc éolien marin de la baie de Saint-Brieuc doit jouer un rôle majeur dans la stratégie énergétique française. D’ici 2030, le gouvernement espère augmenter de 25 à 40 % la part du renouvelable dans le mix énergétique. Huit projets de parcs éoliens marins sont en cours. Celui de Saint-Brieuc est l’un des plus vivement contestés, à la fois par les associations écologistes et par les pêcheurs. Fait rare : l’association Sea Sheperd, habituellement très critique envers l’industrie halieutique, s’est elle aussi ralliée à la cause des pêcheurs. Elle dénonce un « véritable écocide ».

Le port de pêche d’Erquy, dans les Côtes-d’Armor. Les pêcheurs craignent que la création de ce parc ne nuise à leur activité artisanale et durable. © Hortense Chauvin/Reporterre

Katherine Poujol, présidente de l’association Gardez les caps, n’a « pas de mots » assez forts pour critiquer ce projet. Cela fait plus de dix ans qu’elle épuise tous les recours juridiques possibles pour le faire annuler. Gardez les caps, dit-elle à Reporterre, n’est pas une association foncièrement anti-éolienne. Il lui est simplement insupportable que ces parcs soient installés « n’importe où, n’importe comment » : « On s’époumone en disant que l’océan étouffe. À Saint-Brieuc, on a de la chance d’avoir des eaux de bonne qualité, et on les détruit. »

Un parc localisé à un carrefour de la biodiversité

Le choix du site de Saint-Brieuc pour l’implantation d’un parc éolien marin peut en effet surprendre. La…

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Auteur: Hortense Chauvin Reporterre