Un patron de gauche ? Analyse d’une antinomie

Extrait de : Arthur Brault-Moreau, Le Syndrome du patron de gauche. Manuel d’anti-management. (Hors d’Atteinte, 2022)

Dans son ouvrage Le Syndrome du patron de gauche. Manuel d’anti-management publié aux éditions Hors d’Atteinte, Arthur Brault-Moreau propose des outils à destination des salarié·e·s et pour faire face aux « patrons de gauche ». En partant de son expérience personnelle et en s’appuyant sur une enquête réalisée auprès d’une cinquantaine de salarié·e·s, l’auteur développe, sous la forme d’un manuel de développement collectif, un projet politique qui brise le tabou des patrons mobilisés à gauche. L’extrait qui suit est issu de l’introduction de l’ouvrage, dans laquelle Arthur Brault-Moreau revient sur la naissance de ce projet à travers son parcours personnel et présente les enjeux autour de ce manuel d’anti-management.  

Introduction

« Les pires patrons, c’est les patrons de gauche »

C’est avec cette phrase que mon père avait l’habitude de terminer ses anecdotes à propos du monde du travail. Selon lui, les patrons qui se situaient à gauche de l’échiquier politique étaient rompus aux pratiques brutales voire illégales au travail – non-respect des horaires, pressions sur la charge de travail, menaces de licenciement… Cette petite phrase me paraissait toujours un peu exagérée, je me disais que des patrons véreux ou harceleurs, il y en a partout. En tout cas, elle faisait mouche dans les discussions avec mes parents, tous deux syndicalistes et électeurs de gauche. Et elle exprimait assez bien la déception ou la frustration qu’on peut ressentir lorsqu’on subit des conditions de travail délétères dans un environnement qui se prétend alternatif et à contre-courant du modèle dominant. Je ne pensais pas qu’un jour, j’en viendrais moi aussi à prononcer cette phrase. Ni que j’en ferais une enquête.

Issu de la classe moyenne de banlieue parisienne, j’ai eu un parcours de bon élève aisé puis l’opportunité d’étudier à Paris : j’ai effectué trois années de classes préparatoires puis un master à Sciences Po. Une fois diplômé, j’ai envoyé une candidature spontanée pour obtenir un poste auprès d’une élue de gauche. Quelques semaines plus tard, j’entrais dans son équipe.

J’avais déjà travaillé comme serveur puis comme cuisinier, parmi d’autres petits boulots. Mais c’était la première fois que je me retrouvais à exercer un poste à responsabilité, en CDI et dans un environnement revendiqué à gauche. Par…

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Auteur: redaction