Principauté d’Andorre, reportage
Le poste frontière entre la France et Andorre est noyé sous un épais brouillard. Les douaniers se sont réfugiés dans un préfabriqué, emmitouflés dans leur manteau. Quelques kilomètres plus loin, le col d’Envalira (« Port d’Envalira » en catalan) est l’unique passage routier reliant les deux pays. À 2 409 mètres d’altitude, il barre la route aux nuages. Là se dévoilent la majestueuse Principauté et ses sommets enneigés, brillants sous les rayons du soleil printanier. Sur les hauteurs, la vue sur le vallon est spectaculaire. Il apparaît comme un endroit hors du temps. Mais qui pourrait être amené à disparaître.
Le 16 mars dernier, la Chambre andorrane de commerce, d’industrie et de services (CCIS) a en effet dévoilé au public son projet visant à construire un aéroport international sur ce site naturel. Une vidéo de simulation présente un Airbus A320 survolant plusieurs villages montagnards. L’appareil se pose sur la piste d’atterrissage, à l’endroit même où repose actuellement l’ancienne cabane d’un vacher, désormais abandonnée. De luxueuses boutiques, telles Prada ou Chanel, ont pris la place des plantes et des arbres. Sur un parking, Mercedes, Lamborghini et autres voitures peuplent les environs, à défaut des animaux.
Et dire qu’il y a « quelques décennies, les troupeaux venaient paître dans ces tourbières…. », soupire le biologiste Marc Mossoll, inquiet de la menace qui pèse sur ce panorama. Près de lui, deux bergeronnettes grises s’amusent sur un rocher. La brise caresse les colchiques. Une rivière se faufile entre les sapins, parmi lesquels des personnes accroupies dans l’herbe ramassent de la salade sauvage, « très appréciée ici », et elles aussi menacées par le projet.
L’aéroport d’Andorre présenté dans la vidéo de simulation.
« Cette zone humide regorge d’une multitude d’espèces animales et végétales »
Le défi technique est de taille. Culminant à près de 2 000 mètres d’altitude près de la frontière avec les Pyrénées-Orientales, l’aéroport pourrait voir le jour d’ici 2024 pour la somme de 344 millions d’euros. Capable de recevoir des Boeing 737, l’unique piste mesurerait 1 800 mètres de long pour 45 mètres de large. Un demi-million de passagers serait ainsi accueilli chaque année, en provenance de Russie, d’Asie et du golfe Persique.
« Je refuse que notre patrimoine naturel soit mis à sac par une élite financière qui traverse la planète en avion pour venir skier ici…
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Auteur: Reporterre