Un projet de carrière dans le Cantal menace un écosystème rare

Narse de Nouvialle (Cantal), reportage

Les monts du Cantal sont jaunis par la sécheresse et la planèze de Saint-Flour surchauffe. Sur cette grande coulée basaltique fertile, quelques parcelles sont encore verdoyantes. Jean-Jacques Carrier désigne ses vaches allaitantes et ses 60 hectares de prairies : « Il y a toujours de l’herbe dans la narse [marécage] de Nouvialle, même les années sèches. C’est humide, ça repousse toujours. » Cette cuvette de 400 hectares sur un ancien lac volcanique fait partie d’une série de zones humides dispersées sur la planèze, considérées comme les plus remarquables d’Auvergne et inscrites au réseau européen Natura 2000. Ici, à 1 000 mètres d’altitude, le paysage change au fil des saisons. Inondé l’hiver, c’est un espace agricole l’été. « C’est un bassin qui retient l’eau et qui la libère petit à petit », résume Gilbert Chevalier, le maire de Tanavelle qui, avec Roffiac et Valuéjols, est l’une des trois communes de la narse.

© Gaëlle Sutton/Reporterre

Cette zone humide est convoitée par deux multinationales, Imerys et Chemviron. Leur projet ? Y exploiter une carrière. Le sous-sol y est composé de diatomite sur 40 à 60 mètres d’épaisseur, une roche constituée de diatomées fossiles, petites algues dont les dépôts datent de 10 millions d’années. Une terre dont l’industrie agroalimentaire est friande pour ses capacités de filtrage.

Le flûteau nageant est une plante aquatique témoignant d’une bonne qualité d’eau.

Les deux industriels sont déjà installés dans le Cantal, sur la carrière de Foufouilloux, près de Murat, à 11 kilomètres de là. Problème : exploité depuis plus d’un siècle, le gisement s’épuise. Il reste environ six ans pour Imerys, un peu plus pour Chemviron. Une nouvelle carrière de 10 hectares (soit une trentaine d’hectares en comptant le stockage) est donc envisagée en 2027. « Le gros problème, ici, c’est l’eau, dit Jean-Jacques Carrier. La narse nous protège des crues, et le ruisseau est en eau toute l’année, ça nous sauve les bêtes pendant trois mois. » Pour protéger la zone humide, le Collectif pour la narse de Nouvialle s’est créé en 1995. Il compte aujourd’hui mille membres et une douzaine d’associations.

Difficile de trouver des alternatives aussi puissantes

Le site de Nouvialle est « un gisement exceptionnel, explique François Gueidan, directeur de l’usine Imerys de Murat. Il n’a pas d’équivalent connu exploitable en Europe. » Ailleurs, comme au…

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Auteur: Reporterre