Un projet de carrière menace la plus grande zone humide protégée du Cantal

À mi-chemin entre Saint-Flour et les Monts du Cantal, la narse de Nouvialle, vaste zone humide et havre de biodiversité, est convoitée par deux multinationales souhaitant y ouvrir des carrières de diatomite. Mais ce projet destructeur suscite une vive opposition de la part de la population, bien décidée à protéger son territoire. 

Que peuvent bien avoir en commun la bière et le vin, la couleur bleu outremer, des isolants pour abris résistants au feu, des exfoliants pour le visage, la poudre à récurer et les litières pour animaux domestiques ? La réponse se nomme diatomite.

Composée de « diatomées » (des algues aquatiques fossilisées) et de silice minérale, cette roche sédimentaire, légère et poreuse occupe une place essentielle dans de larges domaines industriels et agricoles.

En brasserie et en viticulture, la « terre de diatomée » sert à filtrer les boissons. En agriculture, on l’utilise comme insecticide naturel ; en cosmétique, comme poudre ultra-absorbante et dans le BTP, on la recherche pour homogénéiser le béton ou fabriquer des peintures et des revêtements.

Mais les gisements de diatomite sont rares, si rares que la narse de Nouvialle, dans la partie la plus sauvage du Cantal, représenterait la plus grande réserve européenne connue. 

Diatomées marines vues au microscope – Crédit : Prof. Gordon T. Taylor, Stony Brook University

Au carrefour de trois communes — Roffiac, Valuéjols et Tanavelle —, la narse de Nouvialle est une zone humide exceptionnelle s’étendant sur quelque 400 hectares. Au coeur de la Planèze de Saint-Flour, elle se niche, à plus de 1 000 mètres d’altitude, sur un plateau agricole formé par des coulées de lave du volcan cantalien, aujourd’hui éteint.

Au fil des siècles, cet ancien lac de cratère s’est transformé en un ensemble de prairies propices au pâturage l’été, mais humides et temporairement inondées l’hiver, d’où son nom de « narse », terme qui désigne, dans le Massif central, des zones marécageuses.

Reconnue d’intérêt communautaire par l’Union européenne, la Planèze de Saint-Flour est doublement classée Natura 2000. L’ensemble du plateau est protégé par la directive « Oiseaux » et plusieurs de ses parties sensibles, dont la narse, par la directive « Habitat – Faune – Flore », censée garantir un rang prioritaire de conservation.

Libellule à la narse – Crédit : Colette Collot

Utilisée comme halte migratoire, habitat hivernal ou zone de reproduction, la narse…

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Auteur: Augustin Langlade