Un projet de voie ferrée longue de 900 km menace la survie de la forêt amazonienne et celle des peuples autochtones

Au Brésil, le « Ferrogrão », un nouveau projet d’aménagement imposé par l’État et l’agrobusiness, risque de percer la forêt amazonienne sur près de 950 kilomètres, séparant le poumon de la planète en deux territoires plus retranchés et vulnérables que jamais. L’objectif de ce projet : créer un corridor d’exportation de millions de tonnes de maïs et de soja pour conquérir les dernières zones encore préservées de l’Amazonie.

Porté successivement par les deux derniers gouvernements brésiliens, le Ferrogrão, littéralement le « chemin de fer du grain », est un méga-projet d’axe ferroviaire qui reliera, du sud au nord, la ville de Sinop (Mato Grosso), à celle d’Itaituba (Pará).

De son nom technique EF-170, cette ligne de fret est conçue pour doubler la célèbre autoroute BR-163, par laquelle des dizaines de milliers de camions acheminent, chaque année, des millions de tonnes de céréales, farines, huiles, engrais depuis les immenses régions agricoles du Centre-Ouest jusqu’aux voies fluviales du bassin amazonien. 

Après avoir emprunté le Rio Apajos, les denrées redescendent vers l’embouchure de l’Amazone, puis filent aux quatre coins du monde, notamment en Chine, qui importe 100 millions de tonnes de soja par an afin de rassasier l’appétit de ses diverses filières animales.

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Selon ses défenseurs, le Ferrogrão est censé « alléger les conditions de circulation » de la BR-163 (trop régulièrement surchargée), « réduire le flux de camions lourds » et consolider « une nouvelle route pour l’exportation du soja et du maïs au Brésil », qui augmentera la compétitivité du secteur agricole. Flux, efficacité, gains, attractivité, c’est un vocabulaire connu.

Mais de tels aménagements aux dimensions continentales ne vont jamais sans sacrifice : pour en faire le plus important axe logistique du pays, les promoteurs du Ferrogrão entendent traverser la forêt amazonienne sur près de 950 kilomètres, en suivant un itinéraire dont le coût environnemental et social paraît exorbitant.

Comme l’écrivent Sonia Guajajara, coordonnatrice exécutive de l’Articulation des peuples indigènes du Brésil, Vivi Reis et Joênia Wapichana, députées de l’État du Para, dans une tribune publiée par Le Monde, le chemin de fer risque en effet de « faire basculer la destruction de la forêt vers un…

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Auteur: Augustin Langlade