Un rapport tacle l'accaparement de l'eau par les intérêts privés

C’est un pavé de 316 pages jeté dans la mare du gouvernement. Jeudi 15 juillet, la commission d’enquête parlementaire « relative à la mainmise sur la ressource en eau par les intérêts privés et ses conséquences » a délivré un épais rapport, qui préconise une petite révolution dans la gestion de cette ressource : considérer l’eau comme un bien commun.

Pendant six mois, un groupe de députés, emmenés par Mathilde Panot (La France insoumise), se sont intéressés aux « différents aspects de la main basse sur l’eau en identifiant les cas emblématiques de financiarisation, de prédation, de corruption et de mauvaise gestion de l’eau par les opérateurs privés en France, notamment en outre-mer ». Autrement dit, dans un contexte de raréfaction de la ressource, l’eau fait-elle l’objet d’accaparement par des intérêts privés ?

À l’arrivée, le rapporteur de la commission, le député La République en marche (LREM) Olivier Serva, estime que « les intérêts privés peuvent entrer en collision avec les objectifs d’une gestion collective de la ressource et de la distribution de l’eau, si l’État ne garantit pas des règles du jeu claires, transparentes et équitables ». Traduction par Mme Panot, interrogée par Reporterre : « Les entreprises privées ont un pouvoir démentiel sur cette ressource vitale, et sont constituées en puissant lobby infiltré jusqu’au cœur des institutions. »

Les parlementaires ont tout d’abord dressé un état des lieux de l’eau douce en France : une ressource fragile et mal protégée. Outre une « raréfaction quantitative » de cet or bleu — accentuée par le changement climatique — plusieurs personnes auditionnées se sont alarmées d’une « raréfaction qualitative ». C’est le cas de la ministre de la Transition écologique, Barbara Pompili : « Plus de 43 % [des eaux de surface] sont affectées par des pollutions diffuses ; plus d’un quart sont victimes de pollutions ponctuelles. Ce constat glaçant vaut aussi pour les eaux souterraines : un tiers d’entre elles sont affectées par des pollutions diffuses, aux nitrates et aux pesticides, notamment. »

En résumé, il y a de moins en moins d’eau de qualité disponible… mais de plus en plus de demandes. Selon le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM), nous en prélevons chaque année 32 milliards de mètres cubes, dont 50 % pour refroidir nos centrales nucléaires — cette eau est très rapidement restituée dans le milieu naturel, non sans impact sur la…

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Auteur: Lorène Lavocat (Reporterre) Reporterre