Un rééquilibrage du national et du global dans le jeu des puissances

Nos amis de Temps Critiques proposent ici une mise à jour de leurs analyses sur les plans géopolitiques, économiques et sociaux. Plusieurs tendances sont analysées : d’une part, l’ordre international se fragmente en réseaux d’alliances régionaux concentrés sur leurs intérêts nationaux et qui effritent constamment toute logique d’hégémonie globale ; d’autre part, le rapport intime entre État et démocratie se disloque avec la fin de la « société civile » et des intermédiaires qui la constituait : les médias sont de plus en plus au main du pouvoir, Macron s’adresse directement aux individus tout en les emmerdant. Quant au « non-mouvement » des derniers mois contre le pass, il témoigne d’une « conscience altérée » qui peine à faire émerger des perspectives.

Globalisation et puissances (les contradictions du capitalisme du sommet, le niveau 1 de la domination)

Ces notes s’inscrivent dans la continuité de celles sur le Brexit il y a quelques années dans la mesure où la tendance à la restructuration en réseaux dans l’hypercapitalisme du sommet qui était pour nous une tendance dominante paraît aujourd’hui contredite. L’opportunité nous en est donnée par la rupture australienne du contrat sur les sous-marins nucléaires français, avec le rôle joué en arrière-plan par les États-Unis et la Grande-Bretagne. Biden y a fait entendre un « les États-Unis sont de retour » finalement peu différent de l’America First de Trump. Un air de guerre froide (sur les mers cette fois avec un OTAN du Pacifique) pas totalement nouveau puisque cette politique s’appuie sur le précédent des Five eyes au niveau du renseignement. Cela coïncide aussi avec l’abandon de la thèse de la nation building qui a échoué en Irak comme en Afghanistan. De son côté, Boris Johnson y fait triompher sa ligne Global Britain. Dans les deux cas, c’est un même repli sur une base nationale, alors que la position défendue par Le Drian et Macron se présente encore sous l’angle d’une « troisième voie » soucieuse de l’équilibre régional, mais bien plus française qu’européenne puisqu’à ce niveau, les dés sont pipés par la position particulière de l’Allemagne vis-à-vis de la Chine, empêchant de fait une politique européenne dans la région indopacifique laquelle avait pourtant été actée au sein de l’UE. Dans ces conditions, la perte du contrat avec l’Australie pousse la France à tisser sa propre toile. La désagrégation de l’OTAN et le souverainisme d’Erdogan pour la…

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Auteur: lundimatin