Un salon de coiffure écolo pour dépolluer les eaux

Saint-Zacharie et Brignoles (Var), reportage

C’est un coiffeur passionné et écologiste. Thierry Gras prend soin de la chevelure de ses clients à Saint-Zacharie (Var), au nord de la Sainte-Baume, depuis trente ans. Pour lui, il n’est plus question de jeter les cheveux coupés, qu’il considère comme une ressource fabuleuse. Il propose d’en faire des boudins de cheveux, un produit permettant de dépolluer les hydrocarbures présents dans les mers et océans.

« Les cheveux sont lipophiles, c’est-à-dire qu’ils retiennent le gras à leur surface, donc les hydrocarbures. Un kilo de cheveux peut en « adsorber » jusqu’à 8 litres, explique le coiffeur provençal, en prenant le soleil devant son salon avant son prochain client. Lors de la marée noire de l’Amoco Cadiz en Bretagne, en 1978, on a par exemple utilisé des cheveux pour récupérer du pétrole », ajoute-t-il. Autre avantage, la kératine des cheveux étant imputrescible, elle peut se stocker indéfiniment.

Thierry Gras dans son salon de coiffure, à Saint-Zacharie.

Avec une partie des clients du salon, les discussions sur cette méthode de dépollution et l’écologie en général vont bon train. « Je fais de l’équitation, et les chevaux perdent leurs poils en ce moment. Cette technique pourrait-elle aussi marcher avec les poils de chevaux ? » demande Maelenn, pendant que Thierry Gras lui coupe les pointes. Le coiffeur répond par la positive.

Fort de son savoir sur l’usage dépolluant du cheveu et sur cette méthode, dont il a appris l’existence durant son école de coiffure, Thierry Gras a voulu structurer une filière qui le valoriserait. Avec quelques complices, il a ainsi créé l’association des Coiffeurs Justes en 2015. Pour l’heure, elle expérimente l’usage de boudins de cheveux pour recueillir les fuites d’huiles de moteur et de carburants, en partenariat avec le port de plaisance de Cavalaire-sur-Mer.

Des boudins de cheveux avec des bas tissés

L’association Coiffeurs Justes engage les salons de coiffure adhérents à collecter leurs cheveux et à les envoyer dans le Var par La Poste ou un autre transporteur. Pour ce faire, l’association a mis au point un sac en papier permettant de recueillir 2 kilogrammes de cheveux. « Cela représente un mois de coupe », précise Thierry Gras. Les sacs sont sponsorisés par des marques de produits capillaires qui y apposent leur logo. Une fois remplis et expédiés, ils sont réceptionnés et stockés à Brignoles, dans un entrepôt loué par l’association à la communauté d’agglomération…

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Auteur: Pierre Isnard-Dupuy, Sébastien Aublanc Reporterre