Un scrutin « catastrophique », mais des « raisons d'espérer »

Nicolas Haeringer est activiste depuis le début des années 2000 et directeur des campagnes de 350.org. Il a coécrit le livre Pour la justice climatique, stratégies en mouvement (Les Liens qui libèrent).


Reporterre — Dans le marasme actuel, vous écrivez sur Twitter qu’il y a tout de même quelques bonnes nouvelles à tirer de ce scrutin, lesquelles ?

Nicolas Haeringer — Disons d’abord, en préambule, que la situation est évidemment catastrophique. Il n’est pas question d’être naïf ou béat. La gauche est historiquement faible, l’extrême droite se trouve à un niveau effrayant et Marine Le Pen pourrait bien être élue présidente de la République…. Une fois posé ce constat, il y a tout de même des raisons d’espérer. Les 18-34 ans ont placé la gauche de transformation en tête. Mélenchon obtient 34 % des suffrages dans cette tranche d’âge et avec Jadot ils dépassent les 40 %. Les jeunes aspirent à un changement profond du système. Ce sont eux qui portent les marches climat ou encore les mobilisations contre les violences policières, et toute une partie des mobilisations féministes et LGBT récentes. Leur génération est la première concernée, et ce sont souvent eux les plus mobilisés. Le score de l’Union populaire est également très impressionnant dans les « départements d’outre-mer ». Il a recueilli respectivement 56,16 % des voix en Guadeloupe, 50,59 % en Guyane, 53,10 % en Martinique et 40,26 % à la Réunion. Dans certains quartiers populaires, en métropole, ses scores sont aussi inédits. Peut-être faut-il partir de là, de ces territoires, de la jeunesse et des premières et premiers concernés.

Comment expliquez-vous l’ampleur de ce vote chez ces populations ?

L’Union populaire et Jean-Luc Mélenchon ont semble-t-il su trouver les manières de les mobiliser. Ils ont porté des batailles à la croisée des questions écologiques et de justice sociale. Ils ont su désigner très concrètement des systèmes de domination et d’oppression. En Guadeloupe et en Martinique, cela passe notamment par la dénonciation de la contamination au chlordécone et la pollution des eaux comme une forme concrète de racisme environnemental. C’est depuis ces territoires abandonnés que l’on peut penser la reconstruction de la gauche. C’est à partir de ces résistances et de ces vécus que l’on peut redessiner une politique émancipatrice.

Cette gauche n’est plus dans la défense d’un universalisme abstrait, elle a évolué, probablement parce qu’elle a entendu les…

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Auteur: Gaspard d’Allens (Reporterre) Reporterre