Un seul monde

Quel pouvoir serre nos mâchoires ?
Quelle compromission nous définit ?
La cagoule du divertissement nous rive
corps et âme à l’utilitaire.
Nous délaissons notre force individuelle
dans la surpuissance que nous confère l’obéissance.

Paralysie progressive… Ça commence par le langage :
l’énonciation du monde se brise sur la transparence des miracles,
encore des miracles, toujours des miracles.
Cadeaux empoisonnés, sur-assistance dans tous nos faits et gestes.
Et c’est une lente ablation des muscles de l’imagination.

Le plomb qui vient de frapper l’aile,
pénètre loin dans l’atmosphère –
la vie détruite jusqu’à la mémoire de la vie.

Réputation verte, consommation verte, morale verte !
Plus le profit est élevé, plus la compromission est grande.
Pour les soumettre aux pesticides
les plantes sont modifiées dans leur mémoire – c’est ça
la logique sans retour.
Quand la pollution augmente dans les ruisseaux
les ruisseaux sont effacés des cartes. Plus de contrôle,
plus de traces… On appelle ça virilisme.
Pollueurs/payeurs – nous tous !
Vois ! quel paysage nous reste
dans les eaux usées de la consommation.

J’entends les océans déborder, les fleuves se vider,
les arbres tomber… « Catastrophes naturelles », dit-on,
– qui n’ont rien de naturel !
La pluie pénètre les flammes, mais elle reste impuissante
à éteindre les sécheresses accumulées. Le feu reprend…
gorges rouges dans l’air inflammable.
Le sort en est jeté – le sort, c’est nous !
Courlis à bec grêle… Statut : éteint.
Le non captif… Statut : éteint.
La vie sauvage… Statut : éteint.
…statut : éteint …statut : éteint.

Le danger à la face, les tempes collées
au bruit du temps.
Vivre sans prendre de haut est le dernier recours.
Frémir au moindre changement, comme une esquisse
frémit.

II

Les négociations vont bon train,
guerre et paix servent les intérêts.
Tout est prévu…

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Auteur: dev