Un système électoral menacé d'effondrement, une gauche boudée par son électorat, reflux à l'extrême droite

Le premier tour des élections régionales et départementales, marqué par une abstention historique, délivre des enseignements contrastés et révèle une béance entre des institutions politiques à la peine et une population désenchantée.

Notre système électoral représentatif est en voie d’effondrement. Deux électeurs sur trois ne se sont pas déplacés. Il s’agit d’un record d’abstention historique sous la 5ème république. La machine électorale elle-même s’enraye. Dans plusieurs endroits, les électeurs n’ont pas reçu les informations indispensables pour exercer leur droit de vote : les professions de foi des candidats et leurs programmes ne sont jamais parvenus à leurs domiciles. La distribution de ce matériel électoral avait été confiée, dans sept régions, par le ministère de l’Intérieur à une société privée spécialisée dans les prospectus publicitaire, Adrexo, en remplacement de La Poste. À Marseille, faute de personnels, plusieurs bureaux de vote ont ouvert avec trois heures de retard. Ces dysfonctionnements, s’ils se reproduisent à l’avenir, risquent d’entamer la confiance dans la sincérité des scrutins futurs.

S’y ajoute l’absence de débats de fond vis-à-vis du scrutin et de ses enjeux. De nombreux médias s’en sont largement désintéressés – combien de sujets sur les transports, le logement, les minimas sociaux, les cantines scolaires, la transition énergétique, et ce que proposaient (ou pas) les diverses listes ? Dans un contexte de grande défiance à l’encontre des partis politiques, le sentiment que ce n’est pas dans ces assemblées que l’avenir se joue, combiné à une présidentialisation et une personnalisation à l’extrême de la vie politique, constituent les principaux ingrédients pour une abstention importante.

Les raisons d’une abstention record

Celle-ci a été massive chez les moins de 35 ans (+ de 80 % de non votants), et bien plus faible chez les retraités, dont la moitié s’est déplacée dans leur bureau de vote. L’abstention est quasiment aussi élevée chez les diplômés que chez les non-diplômés, mais on vote deux fois moins parmi les populations pauvres que parmi les catégories aisées. La crainte de la pandémie semble avoir très peu pesé dans l’abstention. Qu’il s’agisse d’un « désintérêt », d’une « grève civique » consciente ou d’une « forme de schisme » d’une majorité des citoyens, l’abstention touche inégalement les électorats.

C’est l’électorat de droite qui s’est le moins…

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Auteur: Ivan du Roy