Un très long hiver- Ukraine – Hiver 2014

Ce texte a été écrit et publié en mai 2018 par un camarade d’origine russe, impliqué depuis longtemps dans les réseaux radicaux russes et ukrainiens, et ayant passé beaucoup de temps en Ukraine ces dernières années. A l’heure de la guerre, il nous permet de saisir avec plus de force encore ce qu’il se jouait déjà il y a 7 ans.

 

Par une chaude soirée de fin d’été à Kiev, un ami me raconta l’histoire de son grand-père. L’histoire se déroule pendant la Seconde Guerre mondiale en Ukraine. Venant d’une famille paysanne, celui-ci se retrouva en zone occupée après une énième avancée des Allemands. Le grand-père voulait se battre contre les nazis. Encore fallait-il décider comment. Peu d’options s’offraient à lui : soit rester en territoire occupé et chercher à joindre un groupe de partisans, soit essayer de passer du côté de l’Armée rouge. Il opta pour les partisans. À un moment, il tomba sur une étrange brigade qui se battait contre les occupants. Comment le grand-père comprit qu’il s’agissait de makhnovistes? L’histoire ne le dit pas. Mon ami se souvient cependant du récit coloré de son grand-père qui décida immédiatement de prendre ses jambes à son cou, car « ceux-là » ne pouvaient qu’être battus par les nazis et les Rouges. Ses chances de survie dans une telle brigade étaient quasi-inexistantes.

Il s’agissait probablement de la brigade de Ossip Tsebry, un makhnoviste bien connu, ayant fui les bolcheviks en 1921 pour se réfugier en Europe. En 1942, il retourna en Ukraine avec le projet d’organiser la résistance contre les nazis et les bolcheviks avec des convictions anarchistes. On en sait aujourd’hui très peu sur le succès de cette entreprise, mais on sait que cette brigade a bien existé et qu’elle combattit les nazis, avant d’être défaite. Ossip se retrouva quant à lui en camp de concentration, mais fut libéré par les Alliés, ce qui lui permit d’échapper aux bolcheviks une fois de plus.

Pendant que nous étions en train de nous remémorer l’histoire d’Ossip, nous entrions dans l’automne de l’année 2014. La Russie avait déjà annexé la Crimée et était en train d’avancer ses bataillons vers le Donbass. À ce moment, nous n’aurions pas été étonnés si les tanks russes s’étaient dirigés sur Kharkov, Odessa, et même sur Kiev. Je revenais d’un voyage à Moscou et Saint-Pétersbourg. J’ai clairement compris là-bas que la société russe soutenait massivement l’invasion et qu’il ne fallait pas s’attendre à y voir surgir un…

La suite est à lire sur: cerveauxnondisponibles.net
Auteur: CerveauxNonDisponibles