Un Ukrainien sans importance

Kiev, Ukraine, juillet 2024

cc0 Liana S

« 21/06/2024

INFORMATION À LA FAMILLE N°314

Je vous informe avec tristesse que le tirailleur-brancardier de la première section du deuxième peloton de la troisième compagnie d’assaut du régiment *****, le soldat Kostiantyn ****, né le 2/10/1972, a été porté disparu le 19/06/2024 vers 7 h 05 en accomplissant une mission de combat dans le cadre de son devoir de défense de l’intégrité territoriale et de la souveraineté de l’Ukraine face à l’agression de la Fédération russe. Cela fait suite à un tir d’artillerie venu du côté des troupes d’occupation dans le district de Tchasiv Iar de la région de Donetsk. »

Mon seul ami « pro-russe » est mort pour l’Ukraine. Qu’avait-il à faire dans cette histoire qui le dépassait ? Était-ce à Kostia à perdre la vie pour un pays qu’il n’avait jamais considéré comme le sien et pour une « liberté » dont il n’avait pas goûté les fruits ?

Il était né en 1972 dans une grande ville russophone à l’est de l’Ukraine. À l’époque, on aurait juste dit qu’il était né dans une grande ville soviétique. Qui plus est, sa famille était russe et même descendante de l’aristocratie russe. En fait, il s’agissait plutôt d’une noblesse polono-balte, devenue « russe » après avoir été déportée vers l’intérieur de l’Empire suite à l’insurrection polonaise de 1863. Sans avoir de raisons d’apprécier le tsarisme, la famille n’était pas non plus pro-bolchevique. Elle émigra donc pendant la Guerre civile (1918-1921) pour s’installer finalement en France. Convaincu du patriotisme de Staline durant la guerre de 1941-1945, son grand-père décida de « rentrer » en 1955, et la famille s’installa là où vivait une de leurs rares parentes, dans cette grande ville russophone à l’est de l’Ukraine donc.

À la maison, le petit Kostia entendait parler aussi bien le français…

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Auteur: Éric Aunoble